Sénégal : le remaniement ministériel qui interroge !

Près de dix-sept mois après son arrivée au pouvoir, le président Bassirou Diomaye Faye a procédé ce samedi 6 septembre à un remaniement ministériel, reconduisant son Premier ministre, Ousmane Sonko. Ce nouvel « attelage » gouvernemental soulève de nombreuses questions, notamment sur l’influence grandissante du parti Pastef, désormais solidement implanté aux postes clés de l’État.

Un parti-état en marche vers le pouvoir ?

Pour l’analyste politique Djibril Diop, le maintien d’Ousmane Sonko à la tête du gouvernement est un signe clair qu’aucun changement radical n’est à l’ordre du jour. Il y voit plutôt la confirmation du pouvoir croissant du Premier ministre et de son parti. « Les militants du Pastef occupent désormais les ministères régaliens », observe-t-il, soulignant la mainmise du parti majoritaire sur des portefeuilles stratégiques.

La composition de ce nouveau gouvernement est en effet éloquente. Yassine Fall, anciennement ministre de l’Intégration et des Affaires étrangères, hérite du ministère de la Justice, un poste crucial. Elle succède à Ousmane Diagne, magistrat de renom dont le départ interroge. Mouhamadou Bamba Cissé, avocat historique du Premier ministre, se voit confier le ministère de l’Intérieur, tandis que le député Amadou Ba, artisan de la loi d’amnistie, prend la tête du ministère de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme.

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L’opposition tire la sonnette d’alarme

L’arrivée de ces figures marquantes du Pastef au gouvernement a immédiatement suscité des réactions de l’opposition. Cette dernière dénonce l’instauration d’un « parti-État », un système que les nouvelles autorités avaient pourtant critiqué avec virulence lorsqu’elles étaient dans l’opposition. Ce remaniement intervient dans un contexte politique stable, sans élection imminente à l’horizon, ce qui laisse à Yassine Fall et Bamba Cissé le temps de faire leurs preuves.

Un départ qui fait débat

Le limogeage d’Ousmane Diagne, réclamé par une partie de la base du Pastef, est particulièrement critiqué par la société civile et les défenseurs de l’État de droit. Pour Djibril Diop, la mise à l’écart de ce magistrat respecté envoie « un signal fort, mais mauvais » à l’État de droit. Ousmane Diagne, nommé ministre de la Justice en avril 2024, était en effet critiqué par certains militants pour la lenteur des enquêtes concernant les manifestations de 2021 à 2024, qui avaient fait près de 80 victimes. Son départ, perçu comme une concession aux exigences de la base du parti, pourrait marquer un tournant dans la politique du gouvernement.

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