Enlèvement de six Sénégalais au Mali : entre confirmation officielle et prudence diplomatique

La communication gouvernementale autour de l’enlèvement de six routiers sénégalais au Mali est apparue contradictoire. Alors que le porte-parole du gouvernement, Moustapha Njekk Sarré, confirmait l’information, le ministère de l’Intégration africaine et des Affaires étrangères appelait à la prudence, expliquant qu’« aucun élément vérifiable » ne permettait d’attester les faits. Ce décalage dans la parole officielle a semé la confusion.

Vendredi 5 septembre 2025, l’Union des transporteurs routiers du Sénégal (URS) avait donné l’alerte dans un communiqué, affirmant que « six compatriotes sénégalais ont été enlevés au Mali par des groupes jihadistes ». Selon le syndicat, il s’agissait de deux conducteurs et de quatre apprentis circulant à bord de trois camions chargés de marchandises dans la zone de Kayes.

« C’est confirmé », a aussitôt répliqué le porte-parole du gouvernement sénégalais, contacté par l’AFP. Ses propos accréditaient la version de l’URS et confirmaient l’hypothèse d’un rapt terroriste dans une région sous tension.

Mais dans la nuit du vendredi 5 au samedi 6 septembre, le ministère des Affaires étrangères a douché ces certitudes en publiant une note officielle (voir communiqué ) :

« À ce stade, aucun élément vérifiable ne permet de confirmer l’enlèvement signalé, ni d’établir avec certitude l’identité des personnes supposément concernées. »

Tout en indiquant rester en contact avec les autorités maliennes, le ministère a appelé à la prudence et promis de communiquer « toute évolution pertinente ».

Un témoignage direct de Kayes

Pour y voir plus clair, lesnouvellesdafrique a joint par téléphone Abdoulaye Touré, présent à 75 kilomètres de Kayes au moment des faits. Il raconte une scène de tension qui a dégénéré :
« Le propriétaire du camion brûlé a forcé le barrage. C’est à ce moment que les autres ont commencé à tirer sur lui. Il a été touché à l’oreille et est venu auprès de nous pour se réfugier. Quelques minutes plus tard, les gars ont débarqué pour emmener 6 personnes qu’ils soupçonnaient. C’était vendredi vers 19 heures. Ils les ont libérés hier vers 21 heures », raconte-t-il.

Selon lui, les six Sénégalais dont deux chauffeurs et quatre apprentis ont donc été relâchés sains et saufs. Par souci de sécurité, il préfère ne pas donner de détails sur l’identité des ravisseurs.

Si la bonne nouvelle est que les routiers ont été libérés, la gestion officielle de cette crise laisse perplexe. Entre un porte-parole qui confirme trop vite et un ministère qui temporise, la cacophonie a nourri la confusion dans l’opinion publique.

Dans un contexte sécuritaire déjà fragile au Sahel, ce manque de clarté interroge : comment rassurer les familles, protéger les routiers et maintenir la confiance si les autorités ne parlent pas d’une seule voix ?

Fana Cissé

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