À seulement quatre mois des élections groupées prévues en décembre prochain, le gouvernement centrafricain engage un dialogue avec les leaders du BRDC.
Cette initiative intervient alors que les parlementaires sont réunis en session extraordinaire pour examiner des projets de loi organique comme celle liée à l’Autorité Nationale des Élections (ANE), et l’autre introduisant des modifications au Code électoral. Objectif : permettre la tenue des élections dans les délais constitutionnels.
Depuis l’entrée en vigueur de la Constitution du 30 Aout 2023, l’opposition réunie au sein du BRDC a multiplié des actions sans cesse pour dénoncer quelques dispositions introduites dans cette Constitution qu’elle qualifie de « crisigène ». Réclamant un dialogue direct avec le gouvernement, condition sine qua non de participation à ces élections
Rappelons que cette Constitution a supprimé la limitation du nombre de mandats présidentiels, et interdit aux binationaux ainsi qu’aux Centrafricains non originaires de se porter candidats à l’élection présidentielle.
Des dispositions qui, naturellement, écartent plusieurs leaders du BRDC de la course à la présidentielle, alors même qu’ils étaient candidats lors des précédentes élections.
Dans son discours d’ouverture des travaux de ce dialogue, en présence des membres du gouvernement et les leaders de l’opposition, le Premier ministre Félix Moloua a précisé : « À la demande du BRDC pour l’organisation d’un dialogue politique, l’exécutif avait déjà donné une suite favorable. L’intérêt aujourd’hui est de définir le contenu, les contours structurels ainsi que les thématiques de ce dialogue sollicité, afin d’en informer toutes les parties prenantes. »
Pour le porte-parole du Bloc Républicain, « l’essentiel, c’est la volonté de deux parties de s’asseoir et de se parler, les sujets inscrits à l’ordre de ces débats seront communiqués à la presse le moment venu » déclare Martin Ziguélé au sortir de la cérémonie inaugurale des travaux de ce dialogue.
Pour certains observateurs, le prêt de 25 millions d’euros, soit près de 17 milliards de FCFA accordé par l’Agence Française de Développement (AFD) et garanti par l’État français en faveur de la République Centrafricaine, représenterait très probablement le financement manquant pour l’organisation des élections à venir.
Ce soutien financier non-négligeable au regard du contexte économique actuel du pays, pourrait être conditionné à la tenue d’un dialogue politique inclusif entre les acteurs centrafricains, conformément aux exigences des Nations Unies, qui appellent depuis longtemps à un cadre de concertation nationale.
Conscient que sans l’appui de la communauté internationale, ces élections ne pourraient se tenir, le gouvernement semble contraint de répondre favorablement aux attentes de ses partenaires techniques et financiers.
Il convient également de souligner que l’ouverture de ce dialogue intervient quelques jours seulement après que le Chef de file de l’opposition, Anicet Georges Dologuélé, a annoncé avoir renoncé à sa nationalité française. Un geste qu’il présente comme un électrochoc destiné à provoquer de véritables débats de fond sur les enjeux électoraux et les institutions en charge d’organiser ces élections à savoir l’ANE et le Conseil Constitutionnel, qu’il juge inféodées au pouvoir.
Adrien KOUNDOU-ZALIA
Journaliste d’Investigation et
Expert en Communication Politique