Avec la nouvelle Constitution du 30 août 2023 qui fixe le mandat présidentiel de cinq à sept ans sans restriction du nombre, le président Archange Touadéra a été investi pour l’élection présidentielle de Décembre prochain. Si à Bangui cela est perçu comme une volonté manifeste de se maintenir au pouvoir, Davy Yannick Andjida pense que la restriction du nombre de mandats présidentiels est injustifiée. Le Rapporteur Général du Mouvement Soutenons Faustin Archange TOUADERA MS-FAT) et coordonnateur du Réseau National pour la Sauvegarde des Acquis de la Paix estime fondamentale la liberté des citoyens de choisir autant que nécessaire leurs dirigeants comme exprimé dans cet entretien accordé sur votre site lesnouvellesdafrique.info.
Les nouvelles d’Afrique.info (LNA) : Le 26 juillet dernier, le Mouvement Cœurs Unis (MCU) a investi Faustin Archange Touadera comme candidat pour l’élection présidentielle de décembre prochain. L’actuel président va briguer un troisième mandat facilité par la réforme constitutionnelle du mois d’aout 2023 d’après l’opposition. Quelle analyse en faites-vous ?
DAY : de prime abord je tiens à remercier les nouvellesdafrique pour l’honneur que ce média me fait en m’accordant cette interview. Je voudrais bien avant tout rappeler ici qu’il ne s’agit dans le cas d’espèce d’un troisième mandat mais d’une première candidature sous la septième République. La réforme Constitutionnelle a été l’émanation du peuple souverain. Le peuple détenteur du pouvoir légitime a donc décidé de lui renouveler sa confiance. Il convient également de remarquer que la République Centrafricaine est en construction, il y a donc un besoin pressant de préserver le leader d’exception qu’est le Professeur Faustin Archange TOUADERA, c’est-à-dire celui qui a œuvré pour la cause nationale pour éviter donc un retour en arrière.
LNA : Touadera finalement candidat à sa propre succession, l’opposition n’avait -elle finalement raison car ayant toujours dénoncé que cette réforme constitutionnelle qui supprime la limitation du nombre de mandats présidentiels et instaure un mandat de 7 ans renouvelable est une manière pour M. Touadera de se maintenir au pouvoir ?
DAY : Madame, la limitation du nombre de mandats présidentiels est considérée comme une restriction injustifiée car il convient de relever ce mélange entre le principe électif qui veut que les citoyens soient libres de choisir leurs dirigeants et le principe de la limitation du nombre de mandats et de la durée électifs. En effet, la liberté d’élire devrait être aussi la liberté de réélire.
L’on peut donc s’interroger pourquoi empêcher un citoyen en l’occurrence le président Touadéra dans un état de liberté, de pouvoir rencontrer son peuple et de discuter avec lui s’il peut avoir encore un autre contrat ? On le sait, la souveraineté du peuple constitue la pierre angulaire de la démocratie. Dans ce système, le suffrage constitue un droit pour tous les citoyens, le consentement et la volonté exprimée à travers ce suffrage constituent la seule source de l’autorité légitime. L’on oublie que non seulement que le peuple est souverain et que ses pouvoirs sont illimités. Ceci dit, il appartient au peuple détenteur du pouvoir légitime de le confier à qui il veut et selon son bon vouloir.
LNA : N’êtes-vous pas d’avis que c’est la démocratie qui en prend un sacré coup encore une fois ? Pourquoi ? Généralement en Afrique, nos constitutions sont taillées sur mesure pour chaque président élu, le même disque rayé pour rester au pouvoir. Je rappelle que le dialogue politique réclamé par l’opposition et promis par Faustin Archange Touadera n’a jamais eu lieu.
DAY : Les textes juridiques, comme les constitutions, doivent se prêter aux amendements périodiques, car ils sont le reflet de contextes spécifiques de la vie des sociétés, lesquels contextes changent et les lois doivent également s’adapter aux nouvelles réalités. Je condamne et dénonce cette campagne loin des réalités africaines car elle porte atteinte à la souveraineté du peuple et limite les choix de ce dernier. Il est question ici de donner l’opportunité au peuple de garder des leaders performants. La jurisprusdence Touadéra en est une illustration.
Le Président Touadéra est un homme de dialogue et il l’a toujours prouvé. Seulement que les uns et les autres en abusent. L’opposition démocratique a émis le vœu d’avoir un dialogue avec le Président Touadéra, il appartient cependant à elle d’en fixer les termes de références et la position du Président est claire à ce sujet.
LNA : Les critiques ne manquent pas face à cette troisième candidature du président Faustin Archange Touadéra mais il faut quand même lui reconnaître un bilan positif notamment sur le plan sécuritaire grâce aux apports des alliés russes et rwandais et des accords de paix signés récemment avec des groupes armés. N’est-ce pas ?
DAY : Madame, le Président a été attentif à l’appel de sa population qui est le véritable détenteur du pouvoir de l’Etat. Oui je vous le concède, le bilan du Président Touadéra est incomparable et inattaquable. Il a toujours abordé les problèmes de ce pays avec, méthode, sagesse et intelligence.
LNA. Qui pour challenger Archange Touadéra pour cette élection présidentielle de Décembre prochain selon vous ? En existe-t-il ?
DAY : challenger Monsieur Touadéra je n’en vois pas sincèrement car beaucoup de leaders politiques en République Centrafricaine ont une histoire sombre et le peuple porte leurs stigmates. À moins que ces derniers aient le courage de présenter des excuses solennelles au peuple pour les multiples torts causés et le peuple saura apprécié.
LNA : Est-ce que le dialogue politique pourra garantir des élections inclusives, au regard de quelques dispositions de la Constitution du 30 Aout qui exclut les binationaux et tous ceux qui ne sont pas centrafricains d’origine ?
DAY : La Constitution du 30 Aout 2023 est voulue par le peuple, il n’appartient pas à un groupe d’individus de prendre le peuple en otage. Les binationaux n’ont qu’à se conformer à la volonté de la majorité en renonçant à l’une de leurs nationalités afin d’éviter un éventuel conflit d’intéret. Oui nous sommes pour le principe du dialogue parce que nous estimons qu’un dialogue de plus vaut mieux qu’une guerre de plus mais pour quel résultat ?