Au Bénin, l’audit du fichier électoral est souhaité voire exigé par une frange de la classe politique. Affichant sa bonne foi, le gouvernement a alors mis les moyens pour le recrutement de quatre experts internationaux en vue d’éclairer la lanterne des uns et des autres sur le document. Après des semaines de mission, les experts font leurs premières observations.
Les premières conclusions ont été dévoilées ce mardi 05 août 2025 à Cotonou, indique le média béninois Radio Sêdohoun. A l’occasion, le Chef d’équipe d’experts Ronsard Malouda NGIMBI a apporté des clarifications. Il a également fait de propositions. Selon lui, les principales conclusions échangées ont tourné autour du cadre légal d’abord. << Nous avons eu à féliciter l’abondance de l’encadrement juridique de tout ce qui se passe, partant de la collecte des données de la population jusqu’à l’établissement de la liste électorale informatique.>>
<< Par rapport au système juridique, nous avons constaté qu’il était bien fourni. Il y a suffisamment de lois, suffisamment de décrets pour prendre en charge la plénitude des activités liées à l’établissement du fichier d’état civil d’un côté, d’abord, mais aussi du fichier électoral. Le cadre retient comme date de référence pour l’appréciation de la majorité, la date du premier scrutin de l’année électorale. Evidemment, pour ce premier scrutin de l’année électorale, la liste inclura tous les majeurs et toutes les personnes, tous les citoyens béninois qui auront atteint la majorité des dix-huit ans à cette date. Mais pour les scrutins qui suivront, il se posera un petit problème. On risque d’exclure les nouveaux jeunes qui auront atteint la majorité entre le premier scrutin et les scrutins qui suivront. C’est simple, il faudra que les législateurs retiennent comme date de référence de l’appréciation de la majorité les jours du scrutin concerné. Et donc, nous n’aurons plus, dans ces cas, une liste électorale informatisée unique à l’année électorale, mais puisqu’on est face à un fichier dynamique, il sera possible de produire pour chaque scrutin une liste électorale informatisée conforme au scrutin concerné, parce que la date de ce scrutin sera une date de référence pour faire le tri et l’extraction de la liste. Les registres qui ont été analysés ne contiennent pas les doublons parce que la question de la déduplication est réglée en amont des fichiers…>>
<< Tous les traitements dus à un fichier d’État civil bénéficient au fichier électoral. Et donc, un fichier d’État civil déjà ne peut pas tolérer en son sein des doublons parce que la Nation tourne avec un identifiant unique par citoyen. Quand l’extraction du fichier électoral intervient, ça intervient dans un environnement où le fichier d’État civil lui-même a déjà été dédoublonné. Les mécanismes existent, ces mécanismes sont efficaces. Nous avons souligné le fait que l’ANIP, service technique et professionnel, devra être préservée de toute influence politique, à tous les niveaux…>>
<< Nous insistons, nous attirons l’attention sur le fait que c’est un avantage que l’ANIP soit sous la présidence de la République, mais au même moment, même la Présidence de la République devra veiller que cette ANIP soit hors de toute influence politique, et qu’elle reste une agence, une structure technique, qui ne fera que son travail technique et administratif. Les experts ont réfléchi sur des mécanismes à instaurer pour l’observation de ces activités liées au fichier électoral. Les parties prenantes, politiques et apolitiques, les parties prenantes partisanes ou non-partisanes, devront accompagner cette activité de l’ANIP liée à la constitution du fichier électoral, mais aussi l’affichage des listes électorales >>.
Notons que le chef d’équipe d’experts Ronsard Malouda NGIMBI et le président du comité de pilotage, Jean-Baptiste ELIAS ont ainsi animé une conférence de presse après un séminaire de restitution auquel ont participé la CENA, l’ANIP, les partis politiques, les ministères concernés et la Cour constitutionnelle.
Sidoine AHONONGA