Quand un ministre de la République incite la jeunesse à l’insulte : une dérive inquiétante

Le samedi 19 juillet 2025, lors de l’Université d’été du Pastef à Saint-Louis, le ministre de l’Énergie a tenu des propos aussi graves qu’inquiétants.

Devant une assemblée de jeunes réunis à l’Université Gaston Berger, haut lieu du savoir et de l’excellence académique, il a déclaré :

« Kou saga Ousmane Sonko saga len ko, kou saga président saga len ko… » (comprendre:  » quiconque insulte Ousmane Sonko, rendez le lui »)

Autrement dit, il appelait la jeunesse militante à répondre aux critiques adressées à leurs leaders par des insultes. Ce discours, au lieu d’éclairer, a assombri. Et plutôt que d’inspirer, il a inquiété.

Car ce qui s’est passé ce jour-là dépasse le cadre d’une simple maladresse politique : c’est un signal dangereux envoyé à toute une génération.

Un ministre de la République, censé incarner l’autorité, la retenue et l’exemplarité, a pris la parole dans une université non pas pour parler du secteur stratégique qu’il dirige ; l’énergie, les infrastructures, le climat ; mais pour mobiliser les jeunes dans une logique de riposte verbale et de violence politique symbolique.

Ce glissement est lourd de conséquences.

Une université n’est pas un champ de bataille idéologique

L’université, ce n’est pas la rue. Ce n’est pas une arène de règlements de comptes politiques.

C’est un espace de savoir, de débat, de recherche, de construction intellectuelle. Ceux qui s’y expriment doivent élever la pensée, pas la brutaliser.

Ce jour-là, Birame aurait dû parler :

-de la production énergétique,

-des coupures de courant,

-des défis de la transition énergétique,

-des opportunités d’emploi dans son secteur.

Au lieu de cela, il a alimenté une culture du clash et du militantisme verbal, mettant en péril la conscience citoyenne des jeunes.

Des conséquences juridiques et sociales pour les jeunes

Le plus choquant, c’est que lui-même ne répondrait pas aux insultes. Mais il demande aux jeunes de le faire à sa place. Quelle irresponsabilité !

Lui restera protégé par l’immunité, par sa fonction. Mais les jeunes, eux, risquent gros : des propos déplacés sur les réseaux peuvent leur coûter demain un casier judiciaire, un poste, un visa, ou une carrière. Pendant que leurs parents espèrent les voir réussir, certains responsables les poussent à l’échec programmé. Est-ce cela l’éthique de la nouvelle gouvernance ?

La jeunesse doit se réveiller. Cette dérive doit alerter. La jeunesse sénégalaise ne doit pas se laisser manipuler. Le véritable combat, ce n’est pas d’insulter sur commande : c’est de se former, s’engager pour des causes nobles, défendre la vérité avec intelligence, contribuer au développement du pays avec dignité.

Aujourd’hui, plus que jamais, le Sénégal a besoin d’un leadership responsable, d’un discours politique à la hauteur des attentes sociales. Il ne suffit plus de parler fort. Il faut parler vrai. Parler utile. Agir.

Le vrai bilan, ce sont les résultats, pas les injures

Birame est à la tête d’un ministère stratégique. L’attente des citoyens est claire : ils veulent des solutions aux coupures d’électricité, à la hausse des factures, aux défis climatiques. Ils ne veulent pas de ministres propagandistes, mais de ministres au service de la République, soucieux de produire des résultats visibles, mesurables, durables.

Tant que l’on confondra autorité et agression, leadership et manipulation, on s’éloignera des vraies réformes. Et si le pouvoir semble déjà en perte de vitesse, c’est peut-être parce que ses porte-voix préfèrent le tumulte au travail.

Que la jeunesse reste lucide. Refusez d’être instrumentalisés. Exigez des responsables qu’ils vous respectent.

Parce qu’un avenir construit sur la haine et l’insulte ne mène qu’à l’échec.

El Bachir NDIAYE Journaliste, Chroniqueur

Membre Fondateur du Parti AGIR Les-Leaders

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