Militants torturés en Tanzanie: requête devant la Cour de justice de l’Afrique de l’Est

Militants torturés en Tanzanie: requête devant la Cour de justice de l'Afrique de l'Est

Des militants kényans et ougandais des droits humains ont saisi la Cour de justice de l’Afrique de l’Est (EACJ) pour leur enlèvement et torture allégués en Tanzanie, a annoncé vendredi la Commission kényane des droits humains (KHRC).

Le Kényan Boniface Mwangi et l’Ougandaise Agather Atuhaire ont été arrêtés le 19 mai à Dar es Salaam, la capitale économique tanzanienne, alors qu’ils tentaient d’assister au procès du leader de l’opposition Tundu Lissu accusé de trahison, passible de la peine de mort. Ils ont tous deux accusés les policiers qui les ont détenus d’actes de torture et d’agressions sexuelles.

Vendredi, les deux militants et sept autres plaignants, dont l’ONG KHRC, ont saisi l’EACJ, dont le siège se situe en Tanzanie, contre les gouvernements tanzanien, kényan et ougandais, ainsi que le secrétaire général de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC). Dans un communiqué commun, les requérants affirment que les « gouvernements kényan et ougandais ont manqué à leur obligation légale de protéger leurs ressortissants », et n’ont pas « épuisé toutes les voies diplomatiques et consulaires pour assurer leur retour sain et sauf ».

Ils font valoir les « graves violations des droits humains, notamment les disparitions forcées, la torture, la détention arbitraire et l’expulsion illégale » de M. Mwangi et Mme Atuhaire, sur instruction d’agents du gouvernement tanzanien. Ils réclament des excuses publiques, une indemnisation d’un million de dollars (environ 860.000 euros) chacun, ainsi qu’une « condamnation formelle des actes illégaux par le Secrétaire général de l’EAC ».

Cette saisine intervient alors que des élections législatives et présidentielle sont prévues cette année en Tanzanie et que la présidente Samia Suluhu Hassan est accusée d’intensifier la répression de l’opposition.

« Lorsqu’un État devient voyou, la loi doit intervenir pour protéger ses victimes », a déclaré M. Mwangi, cité dans le communiqué.

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« Ce qui nous est arrivé était horrible et visait à nous réduire au silence », a-t-il dénoncé.

« Nous espérons que cette affaire donnera à davantage de victimes de l’État le courage de s’exprimer et d’obtenir justice », a-t-il ajouté.

Le gouvernement tanzanien n’a pas répondu à plusieurs demandes de l’AFP de répondre aux accusations de M. Mwangi et de Mme Atuhaire.

Le gouvernement kényan n’a pas réagi non plus dans l’immédiat.

« Chaque citoyen d’Afrique de l’Est a le droit de demander justice s’il estime avoir été traité injustement », a réagi auprès de l’AFP le porte-parole du gouvernement ougandais Chris Baryomunsi, tout en indiquant que l’affaire n’avait pas encore été portée à l’attention du gouvernement.

« Cependant, des preuves doivent étayer cette plainte », a-t-il ajouté, soulignant également que « la Tanzanie est un état souverain ».

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