Amadou Mansour Faye, ancien ministre du développement communautaire, est le cinquième ancien membre du gouvernement inculpé par la commission d’instruction de la Haute Cour de justice, une juridiction spéciale.
Il est le troisième parmi les cinq anciens ministres inculpés après leur mise en accusation et leur renvoi, le 8 mai, par l’Assemblée nationale, pour malversations présumées, à être placé en détention provisoire, devant cet organe d’instruction de la Haute Cour de justice. La Haute Cour de justice est seule habilitée à juger le chef de l’Etat et les membres du gouvernement pour des crimes commis dans l’exercice de leurs fonctions.
L’ancien ministre du développement industriel Moustapha Diop a été placé en détention, le 22 mai, pour détournement présumé. La veille, le 21 mai, l’ex-ministre chargée des mines, Aïssatou Sophie Gladima, avait été incarcérée par la même juridiction.
Le ministre Faye, maire de la ville de Saint-Louis, dans le nord du pays, et beau-frère de l’ex-président Sall, a comparu, lundi 26 mai, devant la commission d’instruction, qui l’a inculpé et écroué, notamment pour « corruption, détournement de deniers publics », a rapporté sa défense dans un document.
Il est soupçonné de « complicité de détournement de deniers publics » concernant des dépenses d’« un surplus global de 2,7 milliards de francs CFA (4,1 millions d’euros) dans des achats de riz destiné aux populations pendant la pandémie de Covid, selon un rapport parlementaire.
M. Faye est « accusé de surfacturation. Il a apporté des preuves [contre ces allégations] et a voulu déposer une caution pour être laissé libre mais on le lui a refusé », a dit à la presse un de ses avocats, Amadou Sall.
L’ex-parti au pouvoir, Alliance pour la République, a dénoncé, dans un communiqué, une décision d’une « justice scélérate et aux ordres, qui exécute froidement une commande politique » de l’exécutif.
Le 19 mai, l’ex-ministre de la femme, Salimata Diop, a été inculpée pour complicité de détournement de fonds, puis libérée sous caution. Le 20 mai, le ministre de la justice de l’ex-président Sall, Ismaïla Madior Fall, a été à son tour inculpé pour tentative de corruption et assigné à résidence, sous bracelet électronique.
A l’exception de M. Fall, les autres ministres inculpés sont mis en cause dans la gestion d’un fonds anti-Covid de plusieurs centaines de milliards de francs CFA, entre 2020 et 2021.
La commission d’instruction qui les a inculpés décidera pour chacun d’eux d’un non-lieu ou d’un renvoi devant la Haute Cour de justice, dont les décisions ne sont pas susceptibles d’appel.
Le président, Bassirou Diomaye Faye, élu en mars 2024, et son premier ministre, Ousmane Sonko, ont promis de faire rendre des comptes aux anciens dirigeants, qu’ils accusent d’agissements coupables dans la gestion des affaires, à commencer par l’ex-président Macky Sall.
Avec Afp