Sénégal : cinq anciens ministres sous Macky Sall vont comparaître devant la Haute Cour de justice

C’est ce qui ressort des résolutions de mise en accusation de l’Assemblée nationale votées hier jeudi 8 mai afin d’éclairer l’opinion sur la gestion des fonds destinés à la lutte contre le Covid-19.

Il s’agit d’Ismaïla Madior Fall (ancien garde des Sceaux), d’Aïssatou Sophie Gladima (ministre des Mines), de Moustapha Diop (ministre du Développement industriel), d’Amadou Mansour Faye (ministre du Développement communautaire) et de Salimata Diop (ministre de la Femme).

Adoptés à l’unanimité, ce vote ouvre la voie à l’ouverture de la procédure judiciaire devant la haute juridiction. La prochaine étape va consister à la transmission du dossier du président de l’Assemblée au procureur général pour la convocation de la commission d’instruction. Celle-ci aura pour rôle de se pencher sur les auditions des cinq ministres d’ici les jours à venir.

Motifs des mises en accusation

Tous, à l’exception de l’ancien ministre de la Justice Ismaïla Madior Fall accusé de corruption et de concussion, sont poursuivis pour des soupçons de détournement de fonds dans la lutte contre la pandémie de Covid-19.

Pour Moustapha Diop, accusé de « présomptions graves de détournements de deniers publics », il lui est reproché des dépenses en liquide d’un montant de 2,5 milliards de francs CFA dans la production de masques. Le beau-frère de l’ancien président, Mansour Faye, doit expliquer des dépenses d’un surplus de 2,7 milliards de francs CFA pour l’achat de riz. Il est soupçonné de « complicité de détournement de deniers publics ». L’ex-ministre des Mines, quant à elle, est poursuivie pour 193 millions de francs CFA utilisés pour la construction d’une unité de traitement gravimétrique, alors que Salimata Diop doit 57 millions de francs CFA.

Depuis l’indépendance, cette haute cour de justice qui est habilitée à juger les présidents et membres du gouvernement pour des délits et crimes commis dans l’exercice de leurs fonctions a, depuis sa création, été activée qu’à deux reprises. Une première fois en 1963 pour juger l’ancien président du Conseil Mamadou Dia et en 2005 avec l’ancien premier ministre Idrissa Seck.

L’opposition parle d’une chasse aux sorcières et d’un acharnement contre l’ancien pouvoir. Pour rappel, plusieurs personnalités, dont de hauts fonctionnaires, des artistes, animateurs, ont été entendues dans le cadre des enquêtes liées à la publication du rapport de la Cour des comptes en 2022. Elle avait relevé des irrégularités dans la gestion de ce fonds et des noms de personnalités tels que ces anciens ministres ont été cités.

Get real time updates directly on you device, subscribe now.