Mali: une coalition d’opposition défie la suspension « illégale » des activités politiques

Mali: une coalition d'opposition défie la suspension "illégale" des activités politiques

Une coalition d’opposition au Mali a annoncé jeudi qu’elle rejette « catégoriquement la suspension de (ses) activités » par un décret qu’elle juge « totalement illégal », après que la junte au pouvoir a décidé de suspendre les activités des partis politiques.

Ce décret signé par le chef de la junte malienne, le général Assimi Goïta, annonce la suspension « jusqu’à nouvel ordre » des partis et des associations à caractère politique, invoquant une « raison d’ordre public ».

Cette restriction supplémentaire à toute expression d’opposition sous la junte au pouvoir au Mali intervient alors qu’une nouvelle coalition regroupant une centaine de partis appelle à la mobilisation depuis plusieurs jours.

« Les Partis politiques pour la Constitution ont pris connaissance, avec indignation mais sans surprise », de la suspension des activités des partis et associations à caractère politique, indique un communiqué transmis à l’AFP jeudi.
La coalition annonce « entamer immédiatement une procédure judiciaire en urgence » et dénonce « les actes d’intimidations et les violences dont (ses membres sont) victimes, parfois orchestrés ou tolérés par des autorités publiques ».

Le communiqué dénonce la « tendance systémique des autorités publiques de la transition de restreindre l’espace civique et politique » au Mali.

« Ce décret suspendant les activités politiques doit être immédiatement abrogé », ont réclamé des experts indépendants de l’ONU jeudi. Fin avril, une concertation nationale organisée par le régime à Bamako, largement boycottée par les partis d’opposition, avait recommandé la suppression pure et simple des partis politiques.
Les autorités n’ont pas appliqué ces recommandations, mais ont annoncé l’abrogation de la loi encadrant le fonctionnement des partis politiques. Cette décision constitue une étape vers la dissolution des partis, selon des juristes contactés par l’AFP.

Craignant cette dissolution, une coalition d’une centaine de partis s’est formée pour « exiger la fin effective de la transition politico-militaire au plus tard le 31 décembre 2025 » et appeler « à la mise en place d’un calendrier de retour rapide à l’ordre constitutionnel ».

Cette nouvelle coalition a réussi à mobiliser plusieurs centaines de personnes lors d’une manifestation samedi dernier à Bamako, un acte de protestation rare depuis l’arrivée au pouvoir de la junte.

Les partis ont lancé un nouvel appel à manifester vendredi à Bamako. « Il est temps de faire comprendre aux autorités de la transition que le fait du prince ne marche plus », a réagi un des signataires du communiqué contacté par l’AFP, qui a souhaité garder l’anonymat.

Les experts indépendants de l’ONU ont rappelé que « le droit de se réunir pacifiquement est essentiel à la santé d’une communauté politique dynamique ». « Les autorités maliennes de transition doivent le respecter scrupuleusement et s’abstenir d’actes d’intimidation et de répression mettant en péril l’intégrité physique et les droits des manifestants », ont-ils estimé.

L’ordre des avocats du Mali a pour sa part appelé « les pouvoirs publics, les acteurs politiques, la société civile au respect de l’État de droit », dans un communiqué publié jeudi.

Depuis les coups d’État de 2020 et 2021, l’opposition malienne a été affaiblie par des mesures de rétorsion, des poursuites judiciaires, la dissolution de plusieurs organisations et un discours dominant appelant à l’unité autour du pouvoir militaire.

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