Le web est aujourd’hui un espace de sociabilité, un lieu d’échanges et de participation dans lequel l’internaute est acteur. En effet, cette révolution a entraîné un phénomène pervers qu’est la multiplication et le partage en masse d’informations fausses.
La fabrication de fausses nouvelles est devenue un phénomène massif avec notamment la montée en puissance des réseaux sociaux. La notion de fausse nouvelle c’est-à-dire une information délibérément faussée et destinée à se répandre au sein du public dans un but mercantile, politique ou idéologique est ainsi liée à l’émergence des médias, puis à leur massification. En réalité, les fausses nouvelles visent parfois à introduire un sentiment de doute, d’injustice, de peur ou de révolte et ont vocation à être partagées de manière virale sur les réseaux sociaux laissant entendre que les médias traditionnels chercheraient à cacher l’information.
A l’ère de la spirale des fake news, la chaine privée béninoise Radio Sêdohoun s’est intéressée ce samedi 12 avril 2025 au travers de son programme Sans Détour à la préoccupation. ‘’Lutte contre les fake news en période pré-électorale : Quid de la responsabilité citoyenne ?’’, sur la thématique, la journaliste freelance, consultante en stratégie de renforcement des capacités, experte Genre et Médias, spécialiste de l’Education aux Médias et à l’Information Madame Dorice DJETON a apporté des clarifications pour éclairer la lanterne des uns et des autres. Dans ses propos, elle a indiqué que le succès des fake-news s’explique par une conjonction de différents facteurs notamment l’irruption massive des réseaux sociaux dans la vie quotidienne, des algorithmes qui favorisent l’échange viral, les réseaux sociaux qui ont tendance à mettre en avant les informations les plus sensationnelles, les plus partagées etc. Ainsi, la désinformation a fréquemment servi d’outil pour des intentions divergentes, voire malveillantes. A l’en croire, les fake news marquent l’ouverture d’une ère post-vérité.
« La lutte contre la désinformation de façon globale, c’est aujourd’hui une lutte à encourager parce qu’il devient crucial pour les acteurs de se mettre vraiment en synergie pour gagner ce combat. Quand on parle de vérification de faits, comment faut-il s’y prendre ? Déjà, c’est d’examiner la source et pour identifier cette source, il faut se poser les bonnes questions. D’abord, le support de l’information, est-ce que ce support est connu ? Nous parlons aujourd’hui de contenus parce qu’il n’y a pas que des journalistes qui publient l’information. Est-ce qu’il existe des informations sur l’auteur de l’information et ses qualifications ? Est-ce que cet auteur-là est connu pour son parti pris ? Est-ce-que déjà par le passé, il a déjà produit du contenu à polémiques ? L’autre élément, c’est de corroborer ce que vous avez reçu avec d’autres sources. Il est essentiel de comparer ce que nous recevons à d’autres sources pour nous assurer que nous faisions ce petit travail avant de partager ; vérifier également les faits et les chiffres sur lesquels nous ne faisons pas souvent attention mais il est essentiel de regarder un peu l’origine des chiffres et des faits, s’assurer que les données que nous recevons, sont exactes et proviennent vraiment de sources fiables. On peut également analyser les images et les vidéos. Il faut se méfier des émotions fortes… »
Selon Madame Dorice DJETON, la vérification des faits ou le fact-checking devient capitale en toutes circonstances. C’est d’ailleurs une technique consistant d’une part à vérifier la véracité des faits et l’exactitude des chiffres présentés et à évaluer le niveau d’objectivité dans le traitement de l’information véhiculée. Mise en pratique par des journalistes dans le cadre de leur profession, la méthode s’est démocratisée grâce à des plateformes aidant les particuliers à vérifier les faits.
« Les fake news jouent habituellement sur les émotions pour susciter des réactions et encourager le partage. Aujourd’hui, nous disons aux citoyens de se rappeler le code du numérique dont les termes généraux de l’article 550 prévoient jusqu’à deux ans d’emprisonnement et des amendes aussi élevés. Il faudrait que les citoyens le sachent. Cela demande juste du temps pour se dire est-ce que je partage ou je ne partage pas ? Si je partage, les risques sont là et quand on regarde un peu le code du numérique, ça prend en compte divers crimes tels que le harcèlement et la diffusion de fausses informations par le biais d’une communication électronique. Ce n’est pas pour effrayer le citoyen mais nous sommes dans un contexte où il faut se poser les bonnes questions et prendre ses responsabilités. »
En tout état de cause, la journaliste freelance, consultante en stratégie de renforcement des capacités, experte Genre et Médias, spécialiste de l’Education aux Médias et à l’Information explique qu’il faut réguler l’information sur les réseaux sociaux, éduquer les uns et les autres. Elle recommande également le civisme et la vigilance pour lutter efficacement contre les fake-news. Chaque citoyen doit alors travailler à ne pas être un consommateur professionnel des fausses nouvelles. Cela constitue d’ailleurs une approche essentielle de lutte.
Sidoine AHONONGA