Dans ce pays dirigé par une junte, Alfousseyni Togo est poursuivi pour « atteinte au crédit de la justice, trouble à l’ordre public et diffamation ». Son jugement est fixé au 12 juin.
Un journaliste malien a été incarcéré, mercredi 9 avril, pour avoir tenu des propos critiques contre les autorités judiciaires, a-t-on appris auprès de sa corporation et du parquet.Alfousseyni Togo, directeur de publication de l’hebdomadaire malien Le Canard de la Venise, « a été arrêté puis placé sous mandat de dépôt » après son audition par le procureur du pôle de lutte contre la cybercriminalité, a affirmé à l’Agence France-Presse Chiaka Doumbia, reporter dans le même journal.
Son incarcération a été confirmée par le président de la Maison de la presse, Bandiougou Danté, qui a assuré que la corporation « travaillait déjà à le faire sortir de prison ». Le journaliste est poursuivi pour « atteinte au crédit de la justice, trouble à l’ordre public et diffamation », selon le parquet. Son jugement est fixé au 12 juin.
Il lui est reproché d’avoir tenu des propos critiques contre le ministre de la justice, Mamoudou Kassogué, et le pôle de lutte contre la cybercriminalité, dans un article intitulé « La justice malienne ou le mal du siècle : la bourde du ministre Mamoudou Kassogué ». Dans cet article, M. Togo remet en cause notamment une affirmation du ministre selon laquelle l’indice de confiance en la justice malienne est passé de 30 % à 70 % en 2024.
Selon une source judiciaire, le journaliste « a traité les gens du pôle d’incompétents, de corrompus [et] n’épargne pas le ministre » de la justice, qualifiant les faits de « diffamation ». L’arrestation d’Alfousseyni Togo est la dernière en date d’une longue série dans le pays dirigé par une junte depuis un double coup d’Etat en 2020 et 2021.
Les militaires ont pris des mesures répressives contre la presse, suspendu l’accès ou la diffusion de plusieurs médias − notamment étrangers − et réduit au silence ou emprisonné des journalistes et autres voix critiques.
Avec Afp