L’obtention d’une carte nationale d’identité biométrique est devenue plus infernale que d’habitude en Guinée. Ce, depuis que le général Mamadi Doumbouya, chef de la transition, l’a décrétée gratuite dans le pays. Dans plusieurs commissariats de police, cette pièce d’identité reste payante sous une autre forme.
Au niveau de certains commissariats, les agents demandent en catimini ce que l’on appelle dans un langage courant en Guinée le « prix du cola ». II s’agit des sommes d’argent qui vont de 50 000 à 80 000 ou de 50 000 à 100 000 francs. C’est le cas à Dixinn, l’une des communes de Conakry, la capitale.
Dans d’autres, comme celui de Nongo, toujours à Conakry, c’est le reçu de paiement du prix officiel de la carte nationale d’identité biométrique, délivré par la banque qui collabore avec l’État dans ce cadre, à savoir Firstmonie, qui est exigé.
Sans le reçu, l’enrôlement est impossible. Or, la gratuité concerne tout le processus d’obtention de la carte nationale d’identité biométrique, y compris l’acte de naissance et le certificat de résidence qui sont les documents sur la base desquels la confection s’effectue.
Depuis que la carte nationale d’identité a été décrétée gratuite, son obtention est devenue quasi impossible. Un calvaire qui pousse certains citoyens à regretter sa gratuité, au point de réclamer le rétablissement de son mode payant.
« Je préfère que la carte d’identité redevienne payante. Au moins, lorsqu’elle était payante, la difficulté de son obtention n’était pas à ce point », estime Ousmane Diallo, rencontré devant le commissariat de police de Nongo, où il s’était rendu pour demander une carte nationale d’identité biométrique sans réponse favorable.
En Guinée, les services publics rendent souvent compliqué ce qui est gratuit pour la population. Un exemple se fait remarquer depuis plusieurs années : la césarienne. Officiellement, elle est gratuite. Mais dans les hôpitaux, toute une stratégie est créée autour des femmes dans le besoin pour leur soutirer à elles ou à leurs maris le plus d’argent possible.