République Centrafricaine : Les élections, un enjeu crucial

La République Centrafricaine, un pays marqué par des instabilités politiques récurrentes, se trouve à un tournant crucial en 2025. L’année à venir suscite de vives préoccupations parmi les Centrafricains, alors que des élections majeures se profilent à l’horizon.

Élu en 2016, conformément à la Constitution du 30 mars de la même année, le président Faustin Archange Touadera achèvera son deuxième mandat en mars 2026.

Enjeu politique

Malgré l’opposition des leaders de la classe politique réunis au sein du Bloc Républicain pour la Défense de la Constitution (BRDC), le pouvoir de Bangui a entrepris la révision de la Constitution afin de lever le verrou concernant le nombre de mandats présidentiels. Cette révision a conduit à la démission de l’ancienne présidente de la Cour Constitutionnelle, le Professeur Danielle Darlan.

La nouvelle Constitution a été adoptée le 30 août 2023, permettant désormais au président actuel de briguer un troisième mandat. La principale nouveauté de cette Constitution de 2023 réside dans une disposition selon laquelle seuls les Centrafricains d’origine (nés de père et de mère centrafricains) et possédant une seule nationalité centrafricaine sont éligibles à la présidence.

Cette mesure a provoqué une vive réaction de l’opposition, qui qualifie la Constitution de discriminatoire.

Depuis quelques mois, la société civile et les leaders de l’opposition appellent au dialogue pour discuter des questions liées à l’organisation des prochaines élections. Cependant, le pouvoir en place semble n’entendre pas les choses de la même manière.

Enjeu financier

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Un enjeu majeur qui pourrait compromettre les élections de décembre reste la question financière. Depuis des décennies, les élections en République Centrafricaine sont financées à plus de 80 % par les partenaires internationaux. En raison de la situation financière, les élections municipales n’ont pas été organisées depuis plus de 30 ans. Actuellement, la RCA fonctionne avec des Présidents de Délégation Spéciale nommés par décret, ce qui complique la gestion des communes où les pouvoirs sont extrêmement limités.

À plusieurs reprises, ces élections locales ont été reportées faute de budget. À quelques mois des élections groupées (législatives et présidentielle), une question se pose : le gouvernement sera-t-il en mesure de convaincre les bailleurs de fonds pour réunir le budget nécessaire à leur organisation ?

Enjeu sécuritaire

Un dernier défi reste celui de la sécurité, qui demeure une préoccupation majeure. Les dernières élections de 2020 ont été marquées par de nombreuses violences, notamment avec l’émergence de la Coalition des Patriotes pour le Changement (CPC), dirigée par l’ancien Chef d’État, le Général François BOZIZE, actuellement en exil en Guinée-Bissau. Depuis quelques mois, la recrudescence des violences perpétrées par les groupes armés à l’intérieur du pays alerte encore davantage. Des dizaines de morts sont recensées dans les villages, et la question se pose : dans quel climat les prochaines élections pourront-elles se tenir ?

À la crise politique, qui risque de dégénérer en conflit électoral, s’ajoutent les problèmes de financement et de sécurité, des enjeux essentiels pour garantir des élections transparentes et sereines.

Vu de l’extérieur, on a l’impression que les Centrafricains sont laissés à leur triste sort, sans véritable soutien. Aucune initiative sous-régionale ou continentale ne semble émerger pour désamorcer les tensions et rassurer les bailleurs de fonds et les acteurs politiques, afin de permettre aux Centrafricains de se rendre aux urnes dans de bonnes conditions.

La question légitime qui se pose est la suivante : les conditions pour une nouvelle crise ne sont-elles pas réunies ?

Adrien KOUNDOU-ZALIA

Journaliste Centrafricain Indépendant

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