Souleymane Cissé, l’un des pères du cinéma africain est mort

Le célèbre réalisateur malien Souleymane Cissé, l’un des pères du cinéma sur le continent africain, s’est éteint, mercredi 19 février, à Bamako, à l’âge de 84 ans, a annoncé sa fille à l’Agence France-Presse (AFP).

« Papa est décédé aujourd’hui à Bamako. Nous sommes sous le choc. Toute sa vie, il l’a consacrée à son pays, au cinéma et à l’art », a déclaré sa fille, Mariam Cissé.

Le réalisateur avait reçu le prix du jury à Cannes en 1987 pour son film Yeelen (La Lumière), qui raconte le long parcours initiatique d’un jeune homme issu d’une illustre famille bambara. En 2023, il avait été de nouveau primé à Cannes avec le Carrosse d’Or, décerné par la Quinzaine des cinéastes. « Je remercie les confrères de m’avoir choisi. Ce prix m’incite à faire de nouveaux films, à me réinventer et changer de vision », avait alors commenté le réalisateur dans un entretien avec l’AFP lors de sa venue à Cannes en 2023.

Dans un communiqué publié mercredi soir, le ministre de la culture malien, Mamou Daffé, a fait part de sa « tristesse » en raison de la disparition « de ce monument du cinéma africain », saluant aussi un « cinéaste admiré et respecté ».

Le matin même, Souleymane Cissé avait tenu une conférence de presse à Bamako. Le Mali a déclaré 2025 année de la culture. « Que les autorités nous aident à vulgariser nos œuvres cinématographiques. Qu’elles comprennent que c’est le cinéma qui fait l’éclat du Nigeria ou du Ghana. Et c’est possible au Mali », avait plaidé M. Cissé.

« Nous avons de jeunes cinéastes professionnels qui en sont pleinement capables. Il ne suffit pas de faire du cinéma, il faut que les œuvres soient aussi visibles (…). Que les autorités nous aident avec la construction de salles de cinéma. C’est l’appel que je leur lance avant ma mort si Dieu le veut », avait déclaré le réalisateur.

Le cinéaste est mort dans une clinique de la capitale malienne. Il aurait dû présider le jury de la catégorie fiction long-métrage pour la 29e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), qui se tiendra à partir du 22 février. Le Burkina Faso, pays organisateur de cet évènement culturel, a salué « une figure emblématique du cinéma africain et un cinéaste engagé qui a consacré toute sa vie au 7e art africain », dans un communiqué publié mercredi soir.

Sa filmographie compte une trentaine de films – Source d’inspiration (1968), Waati (1995), Baara (1992) –, qui lui ont valu sa renommée internationale.

«Le Cinéma malien en deuil, clap de fin pour le maestro Souleymane Cissé », a commenté dans un message sur Facebook le célèbre réalisateur malien Boubacar Sidibé. « Tes conseils ont fait de moi un réalisateur de renom, tu resteras à jamais une fierté pour moi », a-t-il écrit en hommage au réalisateur. « Souleymane Cissé mérite tout notre respect et notre admiration » pour tout ce travail « qu’il a fait pour montrer au public les richesses du patrimoine culturel malien et africain », a poursuivi M. Sidibé.

La chanteuse malienne Oumou Sangaré a salué, sur les réseaux sociaux, « un maître incontesté du cinéma africain » qui « a porté la voix du Mali jusqu’aux confins du monde avec talent et authenticité ».

Auteur d’une œuvre pionnière du cinéma africain, mais aussi politique, humaniste et sociale, Souleymane Cissé a réalisé de nombreux films qui ont marqué le 7e art. Den Musso (La Jeune Fille, 1975), premier long-métrage de fiction malien en langue bambara, raconte l’histoire d’une femme muette qui tombe enceinte après avoir été violée, drame qui la conduira à être rejetée par sa famille.

Le film Baara (Le Porteur, 1978) relate une révolte d’ouvriers maliens, tandis que Finyé (Le Vent, 1982) évoque les amours contrariées de deux jeunes Maliens sur fond de soulèvement étudiant. Waati (Le Temps, 1995) suit le parcours d’une enfant noire qui va quitter l’Afrique du Sud pour parcourir le continent, de la Côte d’Ivoire au Mali et jusqu’à la Namibie.

Dans un entretien avec l’AFP en 2023 à Cannes, Souleymane Cissé avait critiqué la « censure » et le « mépris » qui empêchent, selon lui, la diffusion des films africains dans le monde.

Ses obsèques auront lieu vendredi à Bamako, a dit sa fille.

Avec Afp

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