Une rapporteure spéciale de l’ONU sur la torture a qualifié jeudi la surpopulation carcérale au Sénégal de « dramatique et inhumaine », « une poudrière » pouvant, selon elle, « exploser à tout moment », après une visite d’une dizaine de jours dans le pays.
Mme Alice Jill Edwards s’est par ailleurs prononcée en faveur de l’abrogation de la loi d’amnistie votée en mars à l’initiative de l’ex-président Macky Sall (2012-2024). Ce texte, approuvé avant le scrutin présidentiel ayant conduit fin mars à l’élection du président Bassirou Diomaye Faye, couvre les faits survenus entre 2021 et 2024 lors de troubles politiques ayant fait officiellement 79 morts.
Sur les prisons, elle appelle le gouvernement à adopter des « mesures exceptionnelles (..) de toute urgence pour alléger la pression sur le système pénitentiaire », dans un communiqué publié jeudi à Dakar.
Elle s’est inquiétée de la probabilité de violences, d’émeutes ou de propagation rapide de maladies infectieuses. Mme Edwards, qui dit avoir visité cinq prisons, affirme avoir observé « des chambres extrêmement encombrées où les détenus partagent de minces matelas et dorment tête-bêche, » selon le communiqué.
« Certaines pièces étaient littéralement bondées de prisonniers. Les gens dormaient par quarts et dans les couloirs, et il y avait beaucoup trop peu d’installations sanitaires », a-t-elle dit, citée dans le communiqué.
« Je demande instamment au Sénégal d’abroger la loi d’amnistie qui accorde une immunité de poursuites aux personnes qui auraient été impliquées dans le recours à une force excessive et dans d’autres violations des droits de l’homme » lors de ces troubles, a-t-elle indiqué.
« Le gouvernement a l’obligation d’établir la vérité sur ces événements et de rendre justice et d’accorder des réparations aux victimes dans les meilleurs délais », a-t-elle poursuivi.
Les nouvelles autorités sénégalaises ont annoncé un projet de loi pour abroger la loi d’amnistie.