Un tribunal de Bamako a condamné lundi à deux ans de prison dont un an ferme un opposant malien pour avoir critiqué les militaires au pouvoir au Burkina Faso voisin, ont indiqué à l’AFP une source judiciaire et sa famille.
L’opposant Issa Kaou N’Djim, figure politique malienne, avait mis en doute, lors d’une émission sur la télévision locale Joliba TV News, la crédibilité d’un supposé coup d’Etat déjoué au Burkina Faso.
M. N’Djim a également été condamné à payer une amende d’un million de FCFA (plus de 1.538 euros) par le Pôle national de lutte contre la cybercriminalité, qui dépend du tribunal d’une commune de Bamako, a dit à l’AFP la source judiciaire.
Le 23 décembre, le parquet avait requis une peine d’un an de prison ferme lors du procès de l’opposant, détenu depuis mi-novembre à la prison civile de Bamako.
M. N’Djim était poursuivi « pour offense commise publiquement envers un chef d’Etat étranger et injures commises par le biais d’un système d’information ».
Fermée depuis novembre par les autorités maliennes en raison des propos de M. N’Djim, Joliba TV News a finalement écopé mi-décembre d’une suspension de six mois.
Le Mali et le Burkina Faso, tous deux dirigés par des régimes militaires à la suite de putschs entre 2020 et 2022, ont pris des mesures répressives contre la presse, suspendu l’accès ou la diffusion de plusieurs médias – notamment étrangers – et réduit au silence ou emprisonné des journalistes et autres voix critiques.
Ils ont fondé avec le Niger une confédération, l’Alliance des États du Sahel (AES).
Issa Kaou N’Djim a été l’un des vice-présidents du Conseil national de transition (CNT), l’organe législatif des militaires au pouvoir au Mali, avant de se prononcer en faveur d’une fin rapide de la période dite de transition censée rétablir un régime dirigé par des civils.
En décembre 2021, il a été condamné à six mois de prison avec sursis pour « atteinte au crédit de l’État », après des propos jugés subversifs sur les réseaux sociaux. Il a été révoqué du CNT et empêché à plusieurs reprises de quitter le territoire.
La junte au Burkina Faso annonce régulièrement des cas de tentatives de déstabilisation, conduisant notamment à l’interpellation de plusieurs officiers et de civils. La dernière en date remonte à fin septembre.
(Avec Afp)