Au Tchad, la campagne pour les élections législatives, communales et provinciales du 29 décembre se clôt aujourd’hui. Les aspirants en lice organisent leur ultime rassemblement à N’Djaména, la capitale, ainsi qu’au sein des villes de l’arrière-pays et même à l’étranger. Pour la première fois, les Tchadiens vivant à l’étranger auront également le droit de voter pour leurs représentants. Senoussi Hassana Abdoulaye, candidat du Mouvement patriotique du salut (MPS) pour les élections provinciales dans la commune du quatrième arrondissement de N’Djaména, expose son plan pour la modernisation de la capitale tchadienne. Entretien.
Lesnouvellesdafrique.info : Vous vous présentez comme candidat aux élections provinciales du 29 décembre pour le parti au pouvoir, le MPS. Commencez par nous parler de vous. Quelle est votre formation ? Votre parcours ?
Senoussi Hassana Abdoulaye: Je suis né le 17 février 1984 à N’Djamena. Passionné de littérature et de sciences sociales, j’ai obtenu mon baccalauréat série A4 en candidat libre en 2002 au lycée du Sacré-Cœur. Après mon baccalauréat obtenu à N’Djaména, ma ville natale, je me suis envolé pour Rabat au Maroc, où j’ai suivi un double cursus à la faculté de droit de l’université Mohammed V de Rabat et à l’école nationale d’administration (ENA) du Maroc.
Ce parcours a été couronné de succès en 2007 avec l’obtention d’une maîtrise en droit privé et du diplôme du cycle normal de l’ENA du Maroc. J’ai ensuite poursuivi mes études en France, où j’ai obtenu avec succès un double master en Droit des entreprises à l’université d’Angers en 2009 et en Administration publique à l’université de Strasbourg en 2014, complété par le diplôme du cycle international long, « Promotion Jean de La Fontaine », de la prestigieuse ENA de Strasbourg la même année.
Mon parcours s’est également enrichi avec des formations de haut niveau : une participation en février 2020 au programme de formation de l’UNITAR, l’Institut des Nations unies pour la formation et la recherche à Addis-Abeba sur la prévention des conflits et le rétablissement de la paix en Afrique francophone ; en décembre 2022, j’ai suivis le programme International Court de l’Institut national du service public à Paris portant sur les nouvelles approches de la diplomatie.
J’ai ensuite été intégré dans le cadre régulier de la fonction publique de mon pays, puis affecté comme administrateur civil au sein du secrétariat général du Gouvernement, où j’ai occupé divers postes à responsabilités.
En avril 2015, j’ai été nommé secrétaire général du Collège de contrôle et de surveillance des revenus pétroliers, puis, en 2018, j’ai accédé aux fonctions de directeur général de l’École nationale d’administration (ENA) du Tchad.
Depuis février 2024, j’occupe le poste de directeur général de l’Autorité de l’aviation civile du Tchad (ADAC), marquant ainsi une nouvelle étape dans ma carrière.
Lesnouvellesdafrique.info : Quels sont les principaux points de votre programme pour la ville de N’Djaména ?
Senoussi Hassana Abdoulaye: Le projet que je compte défendre si je suis élu est inspiré du projet de société du Président de la République, le maréchal Mahamat Idriss Déby Itno.
Mon programme repose sur six (6) piliers fondamentaux à réaliser durant son mandat de six (6) ans, qui sont entre autres : restructurer la mairie centrale pour mieux servir les citoyens; réaménager la ville pour améliorer l’image de la capitale; garantir les services essentiels pour tous; offrir un avenir prometteur à la jeunesse; assurer une sécurité durable et proche des habitants; collaborer pour un développement durable et solidaire ; et ouvrir la ville de N’Djaména à l’international à travers des jumelages avec d’autres villes.
Pour rattraper l’extension anarchique de notre capitale et lui assurer un développement harmonieux, je souhaite également fonder l’aménagement et l’urbanisation de la capitale sur des documents de planification urbaine et des plans d’aménagement solides et réalistes. Tout cela doit se faire en même temps que la mairie de N’Djaména s’attaque aux problèmes concrets des habitants, en assurant des services sociaux de qualité et en mettant en place ce que j’ai appelé le plan MIDI pour la jeunesse et l’emploi.
Lesnouvellesdafrique.info : Justement, c’est quoi le plan MIDI pour la jeunesse et l’emploi? Quel est son contenu?
Senoussi Hassana Abdoulaye: Il faut d’abord rappeler que l’un de nos grands problèmes à N’Djaména, c’est l’emploi. Il faut s’attaquer à ce problème, en particulier en assurant l’emploi des jeunes et leur épanouissement. On a une cohorte de plus d’un millier de jeunes qui sortent diplômés tous les ans et qui se retrouvent sur le banc de touche de l’embauche. Qu’est-ce qu’on fait de cette richesse qui reste inexploitée ? Il faut lui trouver les conditions de son insertion. Ce sera possible avec le plan MIDI qui vise à mettre en place la fonction publique locale sur la base des compétences des jeunes et des femmes. Le plan MIDI pour la jeunesse, c’est l’emploi, c’est aussi la création d’un millier d’emplois directs et indirects à travers un investissement massif dans l’économie. Mais c’est aussi la création des conditions d’épanouissement et de développement culturel, intellectuel et professionnel de nos jeunes, par la création de centres culturels, de maisons de quartiers, de maisons de jeunes. En clair, le plan MIDI permettra de forger chez chaque jeune les valeurs de la République et le sens de l’intérêt général, d’assurer aux jeunes une formation pratique de qualité, de créer des incubateurs et des maisons de l’emploi pour orienter et accompagner les jeunes porteurs de projets, d’orienter massivement les jeunes vers l’agriculture.
Lesnouvellesdafrique.info : Lors d’une conférence de presse tenue à N’Djaména Le 24 décembre 2024, vous aviez indiqué que votre « programme découle directement de la vision du chef de l’État, incarnée par ses 12 chantiers et 100 actions ». C’est un programme de grande envergure. Disposerez-vous des ressources nécessaires pour mettre en œuvre votre politique ?
Senoussi Hassana Abdoulaye: Je suis un ultra-optimiste. Il ne s’agit pas d’avoir des ressources ou pas. Les ressources, il y en a toujours de façon limitée. Il faudra les rationaliser et, éventuellement, en créer. Ce ne sera pas facile. Mais est-ce que, sous prétexte de ne pas avoir les ressources, on doit attendre une manne qui tomberait du ciel? Nous avons des défis, nous devons faire en sorte que toutes les ressources disponibles soient orientées de façon intelligente vers nos priorités. Ensuite, nous sommes une administration publique, nous avons des leviers pour mobiliser les ressources auprès de nos partenaires nationaux et internationaux. Et pourquoi pas auprès de nos concitoyens, s’ils voient qu’on travaille pour eux?
Lesnouvellesdafrique.info : N’Djaména connaît pratiquement chaque année des inondations dévastatrices. Comment comptez-vous maîtriser cette problématique une fois élue ?
Senoussi Hassana Abdoulaye: La question des inondations à N’Djaména est un vrai sujet de préoccupation. Jusque-là, nous n’avons fait que subir les inondations, alors qu’il fallait agir par l’anticipation, la prévention et une gestion planifiée. Attendre les mois de juillet à août pour curer les caniveaux, ça ne marche pas. Il y a deux problématiques: la problématique de l’assainissement, notamment en ce qui concerne l’évacuation des eaux usées, et celle de l’évacuation des eaux de pluie.
L’extension anarchique de la ville a accentué ces problèmes et la solution qui doit être apportée doit intégrer cette complexité.
Dans le cadre du 2ᵉ pilier de mon projet relatif au réaménagement de la ville, je compte mobiliser tous les spécialistes de la question pour trouver des solutions à court, moyen et long terme.
Lesnouvellesdafrique.info : La ville de N’Djamena, au Tchad, souffre d’une mauvaise urbanisation. Quelle est votre stratégie ?
Senoussi Hassana Abdoulaye: le deuxième pilier de mon projet bâti sur la vision du maréchal Mahamat Idriss Déby Itno vise à reprendre justement le contrôle de notre aménagement urbain.
Ma stratégie repose sur deux actions concomitantes: corriger, planifier. Ainsi, il faudra apporter des mesures correctrices pour rattraper les problèmes d’urbanisation posés par l’extension anarchique de N’Djaména.
Parallèlement, je souhaite travailler à la définition des grandes orientations du développement de la ville, notamment par l’élaboration des outils de planification urbaine et d’aménagement.
Lesnouvellesdafrique.info : Un de vos objectifs est de donner à la capitale un aspect plus soigné, séduisant et serein pour tous ses résidents. Comment L’accomplir ?
Senoussi Hassana Abdoulaye: Il nous faut planifier, encore planifier, tout planifier pour que notre capitale ait un aspect harmonieux. Planifier les politiques de développement en définissant de façon réfléchie et concertée tous les aspects de la ville: politique d’habitat, politique de protection de l’environnement, politique économique, politique d’extension.
Propos recueillis par Eric Topona Mocnga.