« Je veux faire entendre la voix des Tchadiens à l’étranger » (Alexis Djimramadji, candidat aux législatives)

"Je veux faire entendre la voix des Tchadiens à l’étranger" (Alexis Djimramadji, candidat aux législatives)

Alexis Djimramadji est l’un des candidats aux élections législatives du 29 décembre 2024 pour le compte de la Diaspora tchadienne. Il dévoile les raisons de sa candidature à votre site internet Lesnouvellesdafrique.info

Lesnouvellesdafrique.info: Parlez-nous de vous et de votre parcours.

Alexis Djimramadji: Je suis juriste spécialisé en droit du pétrole, du gaz et des énergies renouvelables. J’ai commencé ma carrière en tant que juriste privatiste avant de me tourner vers les énergies, un domaine qui m’a passionné et où j’ai acquis une expertise spécifique.

J’ai d’abord travaillé chez Ware & Kays, où j’ai acquis une solide expérience en droit privé. Ensuite, j’ai eu l’opportunité de rejoindre l’Université de Salford à Manchester, où j’ai développé des compétences en droit social, particulièrement sur les enjeux d’accès aux services publics pour les minorités ethniques. Par la suite, j’ai travaillé à l’Université de York, où je me suis spécialisé dans les énergies renouvelables et la gestion écologique des infrastructures universitaires. Cette expérience m’a permis d’allier mon expertise juridique avec des problématiques environnementales concrètes.

Plus récemment, j’ai eu la chance de travailler avec le cabinet Thomas Dingamgoto au Tchad, ce qui m’a permis de mieux comprendre le système judiciaire local. Aujourd’hui, en tant qu’enseignant à New Bridge High School, je me concentre sur la transmission de mes connaissances en droit et en gestion écologique. Cela m’a permis de renforcer mes compétences en pédagogie et en gestion de projet. Ce parcours diversifié fait de moi une personne polyvalente, passionnée par la recherche de solutions durables, et motivée à contribuer au développement des secteurs juridique et énergétique.

Lesnouvellesdafrique.info: Pourquoi avez-vous décidé de vous présenter à ces élections législatives pour le compte de la Diaspora tchadienne en Europe?

Alexis Djimramadji: J’ai passé plus de 30 ans à l’étranger, et cette expérience m’a permis de vivre des réalités et des défis très spécifiques en tant qu’élève, étudiant et, plus récemment, enseignant. En 1994, j’ai quitté le Tchad pour m’installer au Burkina Faso où, pendant plus de 10 ans, j’ai vécu dans une situation de grande précarité administrative, sans documents de voyage. Cette absence de papiers m’a souvent mis en difficulté, que ce soit pour l’obtention de bourses, pour postuler à des postes ou pour m’installer dans des conditions décentes. Cette situation s’est ensuite répétée au Royaume-Uni, où de nombreux Tchadiens se trouvent également sans représentation consulaire. Cela crée des obstacles majeurs pour nos compatriotes à l’étranger, et cette réalité m’a poussé à m’engager pour changer les choses.

Un autre facteur déterminant de ma candidature est le problème des coûts exorbitants du transport aérien entre le Tchad et le reste du monde. Les taxes aéroportuaires imposées par l’État tchadien sont extrêmement élevées, ce qui a conduit à la réduction du nombre de compagnies aériennes desservant notre pays, comme Royal Air Maroc et Kenya Airways. Cela a non seulement isolé davantage le Tchad, mais a également contribué à freiner le développement du tourisme et des échanges économiques. Le Tchad, en tant que pays encore marqué par son passé de guerre civile, doit impérativement revoir sa politique fiscale en matière de transport aérien afin d’attirer de nouvelles compagnies, réduire les coûts pour nos citoyens et encourager le développement économique.

Le troisième point essentiel qui m’amène à postuler est le manque de structures de soutien pour les Tchadiens de la diaspora souhaitant investir au pays. Il n’existe pas de guichet unique ni d’accompagnement structuré pour faciliter ces investissements, ce qui crée des difficultés majeures pour ceux qui souhaitent contribuer au développement économique du Tchad. Personnellement, j’ai été confronté à cet obstacle en tentant de lancer des projets au Tchad, mais l’absence de soutien et de cadre administratif clair m’a conduit à échouer à plusieurs reprises. De plus, il n’y a pas de politique concrète pour aider à la réinsertion des Tchadiens de la diaspora qui retournent au pays, ce qui reste un frein majeur pour l’intégration et le développement.

Enfin, je suis profondément motivé par l’envie de faire entendre la voix des Tchadiens à l’étranger, qui se trouvent souvent laissés pour compte, sans documents officiels ou sans véritable soutien. En tant qu’élu, mon objectif est de défendre leurs droits, de faciliter leur réintégration et de mettre en place des politiques publiques adaptées à leurs besoins.

Je suis convaincu qu’il est temps de transformer ces défis en opportunités pour notre pays, et c’est ce qui motive ma candidature : œuvrer pour un Tchad plus connecté, plus inclusif et plus ouvert sur le monde.

Lesnouvellesdafrique.info: Les autres candidats en compétition ont aussi un projet, une vision qu’ils comptent mettre au service de leurs compatriotes de la Diaspora. Qu’est-ce qui vous différencie?

Alexis Djimramadji: Ce qui me distingue de la majorité de mes concurrents, c’est d’abord mon parcours personnel et mes expériences de vie. Contrairement à certains d’entre eux qui ont poursuivi leurs études dans des conditions plus favorisées, souvent après l’obtention de leur baccalauréat, bénéficiant de bourses ou d’un emploi stable à l’étranger, j’ai connu des difficultés réelles qui ont façonné ma vision du monde. De 1994 à 2006, j’ai vécu au Burkina Faso dans des conditions de précarité administrative, sans papiers, une situation qui m’a exposé aux défis que rencontrent de nombreux Tchadiens de la diaspora, notamment en Europe. Cette expérience m’a permis de comprendre en profondeur les obstacles auxquels fait face notre communauté à l’étranger.

Mon parcours académique m’a également amené à étudier dans trois pays : le Burkina Faso, la France et l’Angleterre. Cela m’a offert une perspective unique sur les réalités sociales, politiques et économiques, et m’a permis de m’engager pleinement auprès de la diaspora tchadienne, en particulier dans des domaines juridiques et sociaux. Cette expérience internationale me permet de saisir les enjeux spécifiques auxquels notre communauté fait face, tant à l’étranger qu’au pays.

En outre, je suis constamment présent au Tchad, où j’ai travaillé pendant des années à créer des initiatives pour favoriser l’autonomie financière des populations locales. Ce lien permanent avec le pays me permet d’avoir une connaissance précise des réalités du terrain et des besoins des citoyens.

Je suis également très impliqué auprès de la diaspora tchadienne, en offrant mon aide dans des domaines variés, que ce soit pour des conseils juridiques ou pour répondre à des besoins sociaux urgents. Mon engagement envers la diaspora n’est pas juste théorique, mais se traduit par une assistance concrète et un soutien au quotidien.

Mon programme politique est le fruit de plus de trente ans d’expérience de vie et de réflexion. Il propose des solutions pratiques et réalisables pour améliorer les conditions de vie des Tchadiens, tant au pays qu’à l’étranger. Parmi les mesures phares de mon programme, on trouve la mise en place des passeports biométriques dans les ambassades, la réduction des taxes aéroportuaires pour rendre notre pays plus accessible, ainsi que des initiatives pour attirer les investissements et développer le secteur touristique du Tchad.

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Enfin, mon engagement en tant que député ira au-delà des frontières du pays. Je m’engage à consulter régulièrement la diaspora, à l’inclure dans les processus décisionnels et à mettre en place une structure fédérale qui nous permettra de parler d’une seule voix. Cela permettra de mieux défendre nos intérêts auprès des instances internationales, notamment l’Union Européenne.

En résumé, ce qui me différencie, c’est ma connaissance intime des défis rencontrés par la diaspora, mon engagement concret pour améliorer leur quotidien, et mon programme qui propose des solutions réalistes et adaptées aux besoins réels de notre communauté.

Lesnouvellesdafrique.info: Quelles seront vos priorités si vous etes élu député de la Diaspora tchadienne en Europe?

Alexis Djimramadji : Mes priorités si je suis élu député :

  1. L’établissement des passeports et cartes d’identité dans les ambassades :

Ma priorité numéro un sera de faciliter l’obtention des passeports et cartes d’identité pour les Tchadiens vivant à l’étranger, notamment en Europe. Actuellement, nos compatriotes doivent se rendre au Tchad pour ces démarches, ce qui est à la fois coûteux et contraignant. Je m’engage à faire du lobbying auprès du ministère des Affaires étrangères pour qu’un décret soit pris, autorisant les ambassades et consulats à délivrer ces documents. Avec environ 30 à 40 000 ressortissants tchadiens en Europe, cette mesure allégera la vie de nos compatriotes, tout en générant des revenus considérables pour l’État. Cela représente un véritable levier économique, et il est dans l’intérêt de notre pays de mettre en œuvre cette solution.

  1. La réduction des taxes aéroportuaires :

Ma deuxième priorité sera de proposer une loi visant à réduire de manière significative les taxes aéroportuaires. Actuellement, les coûts élevés du transport aérien freinent les connexions entre le Tchad et le reste du monde. Cela a d’ailleurs conduit plusieurs compagnies aériennes à quitter le pays, comme Royal Air Maroc et Kenya Airways. En réduisant ces taxes, nous pourrons non seulement attirer de nouvelles compagnies aériennes, mais aussi stimuler le tourisme et favoriser les échanges économiques. Cela aura un impact positif sur l’économie, notamment en facilitant les retours de la diaspora et en attirant les investisseurs étrangers.

  1. Le recensement de la diaspora et le renforcement des représentations diplomatiques :

Enfin, il est essentiel de recenser précisément les membres de la diaspora tchadienne à travers le monde. Ce recensement permettra de mieux comprendre les besoins de nos compatriotes à l’étranger et de déterminer si des nouvelles représentations diplomatiques sont nécessaires. L’administration doit se rapprocher de ses citoyens, quel que soit l’endroit où ils se trouvent, pour mieux les servir. Cela permettrait de renforcer la solidarité nationale et de garantir une représentation et une assistance efficaces à tous nos ressortissants.

Ces trois priorités constituent le cœur de mon engagement pour la diaspora et le Tchad. Elles sont réalistes, concrètes et directement bénéfiques pour nos compatriotes vivant à l’étranger, tout en contribuant au développement de notre pays. En tant que député, je m’engage à défendre ces projets avec conviction et à œuvrer pour améliorer le quotidien des Tchadiens, tant au pays qu’à l’étranger.

Lesnouvellesdafrique.info: Un mot pour mes électeurs et mes compatriotes

Alexis Djimramadji: Au cours de cette campagne, j’ai eu l’opportunité de parcourir l’Europe, de rencontrer nos compatriotes et de prendre conscience de la réalité difficile que vivent beaucoup d’entre vous. En tant que Tchadiens de la diaspora, nombreux sont ceux qui souffrent d’une situation injuste et inacceptable : l’absence de documents officiels les prive de leurs droits et les rend juridiquement invisibles. C’est une situation intolérable, surtout au 21e siècle, où la mobilité et la reconnaissance des droits fondamentaux devraient être une priorité.

Prenons l’exemple de la Grande-Bretagne : on estime à environ 5 000 le nombre de ressortissants tchadiens, mais il n’y a aucune représentation diplomatique pour les soutenir. Cela démontre, malheureusement, que l’État tchadien semble ignorer l’existence de ses ressortissants dans ce pays. Cette absence de soutien crée des difficultés majeures pour nos compatriotes qui, en plus de leur éloignement, se trouvent laissés pour compte, sans possibilité d’accéder à des services essentiels ou de faire entendre leurs voix.

C’est pourquoi je vous appelle, chers compatriotes, à m’accorder votre confiance et votre voix. Ensemble, nous pouvons résoudre ces problèmes urgents qui ont trop duré et qui ne rendent pas justice à notre pays. Si je suis élu, je m’engage à défendre vos intérêts avec détermination, à lutter pour l’établissement des documents officiels dans les ambassades et à renforcer notre représentation diplomatique à l’étranger. Mon objectif est clair : ne plus laisser aucun Tchadien dans l’ombre, mais faire en sorte que chaque compatriote, où qu’il soit, se sente reconnu, soutenu et respecté.

L’avenir de notre pays se joue aussi à l’étranger, et il est temps d’agir. Je compte sur vous pour faire entendre cette voix collective, celle de la diaspora tchadienne, et pour contribuer au changement que nous attendons tous. Ensemble, nous pouvons faire la différence.

Votre soutien est essentiel pour que ce projet devienne une réalité. Votez le numéro 7, votez pour l’avenir de notre pays !

 

Propos recueillis par Papa Barry

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