Le Gabon s’est doté d’une nouvelle Constitution, promulguée le 19 décembre par le général Brice Oligui Nguema, chef de la transition. Parmi les dispositions marquantes de ce texte figure un article inédit : l’armée est désormais habilitée à mettre fin au mandat de tout président qui tenterait de dépasser la limite des deux mandats prévue par la loi fondamentale.
Depuis l’indépendance, le paysage politique gabonais était dominé par la famille Bongo. Omar Bongo a dirigé le pays pendant 41 ans, avant de passer le relais à son fils, Ali Bongo Ondimba, en 2009. Ce dernier a été réélu pour un troisième mandat controversé avant d’être renversé par un coup d’État militaire le 30 août 2023.
Ce putsch, conduit par le général Oligui Nguema, a marqué la fin d’une ère et amorcé une période de transition. Un an après son arrivée au pouvoir, il a présenté la nouvelle Constitution comme un outil destiné à prévenir les abus de pouvoir et à garantir une gouvernance respectueuse des principes démocratiques.
L’une des nouveautés majeures de cette réforme est le rôle élargi confié à l’armée. Celle-ci devient la principale institution chargée de veiller au respect de la Constitution, avec le pouvoir d’intervenir contre tout président qui chercherait à se maintenir au pouvoir au-delà des deux mandats autorisés.
Cette disposition reflète une volonté de rompre avec les dérives autoritaires du passé. Elle fait également écho au discours du général Oligui Nguema, qui a juré sur la nouvelle Constitution qu’il ne se présenterait pas à l’élection présidentielle prévue pour 2025.
Les élections générales, annoncées pour 2025, seront un test pour cette nouvelle architecture institutionnelle. Elles devront démontrer si les mécanismes introduits par la transition permettent de garantir des scrutins libres et transparents, un défi récurrent au Gabon.
Le général Nguema a réaffirmé son engagement à ne pas briguer de mandat, une position destinée à rassurer sur la nature temporaire de son pouvoir. Toutefois, le succès des réformes dépendra largement de leur mise en œuvre et de la capacité des acteurs politiques à respecter les nouvelles règles du jeu.
Cette évolution pourrait avoir une portée symbolique au-delà des frontières gabonaises. En Afrique, où les prolongations de mandats présidentiels sont fréquentes, cette mesure représente une tentative de renforcement des institutions face aux risques de personnalisation du pouvoir.
Cependant, la question demeure : cette réforme marque-t-elle un véritable tournant démocratique ou s’inscrit-elle dans une stratégie de contrôle militaire ? Les prochaines étapes, notamment la tenue des élections et le retour à un pouvoir civil permettront de mieux évaluer l’impact de cette transition sur la vie politique gabonaise.