Tchad : Les troupes françaises sommées de quitter Ndjamena avant le 31 janvier 2025

Le gouvernement tchadien a exigé le départ des troupes françaises du pays avant le 31 janvier 2025, marquant une nouvelle rupture dans les relations franco-tchadiennes.

Cette décision est annoncée officiellement deux semaines après la dénonciation des accords de défense et de coopération militaire entre les deux pays.

Le Tchad a longtemps été un pilier de la présence militaire française en Afrique, notamment dans le cadre de l’opération Barkhane. Cette opération, lancée en 2014 pour lutter contre le terrorisme au Sahel, s’appuyait sur des bases stratégiques au Tchad, avec Ndjamena comme centre névralgique. L’exigence du retrait des forces françaises intervient dans un contexte régional marqué par une remise en question de l’influence française dans plusieurs pays africains, notamment au Mali, au Burkina Faso et au Niger, qui ont également demandé le départ des troupes françaises ces dernières années.

Le délai de sept semaines imposé par le gouvernement tchadien pour le retrait des forces françaises est jugé particulièrement court par des analystes militaires. Avec près de 1 000 soldats stationnés au Tchad et un important arsenal militaire, dont des avions de combat comme les Mirage 2000, le désengagement complet risque d’être un défi logistique de taille.

Selon des sources militaires françaises, le processus de retrait a déjà commencé, avec le transfert de certains équipements et le départ des premiers avions de combat. Cependant, un retrait complet avant fin janvier semble difficilement réalisable. À Paris, des négociations restent en cours pour étendre ce délai, notamment jusqu’à février, afin d’éviter des complications opérationnelles.

Le retrait des troupes françaises s’inscrit dans une dynamique plus large de rejet de la présence militaire française en Afrique, perçue par une partie de l’opinion publique comme une ingérence néocoloniale. Le Tchad, longtemps considéré comme un allié stratégique de Paris, rejoint désormais la vague des pays africains revendiquant une souveraineté accrue sur les questions de défense.

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Historiquement, la présence militaire française au Tchad remonte aux accords de coopération signés après l’indépendance en 1960. Ces accords avaient pour objectif de garantir la stabilité du régime tchadien tout en permettant à la France de maintenir une influence stratégique dans la région. Le président Idriss Déby Itno, décédé en 2021, avait renforcé ces liens, mais son successeur, Mahamat Idriss Déby Itno, semble désormais privilégier une politique plus indépendante, dans un contexte où l’influence française recule sur le continent.

Cette décision tchadienne rappelle les événements récents au Mali et au Niger, où les troupes françaises ont été expulsées dans des contextes similaires de rupture des accords de coopération. Cependant, le Tchad se distingue par son rôle central dans la lutte contre le terrorisme au Sahel. Le retrait des troupes françaises pourrait affaiblir les efforts régionaux contre les groupes djihadistes, à moins qu’une solution alternative ne soit trouvée.

Pour le Tchad, cette décision reflète une volonté d’affirmer son indépendance et de diversifier ses partenariats stratégiques. Le pays pourrait se tourner vers d’autres acteurs internationaux, comme la Russie, la Chine ou la Turquie, qui renforcent leur présence en Afrique ces dernières années.

Pour la France, ce retrait constitue une nouvelle preuve du recul de son influence militaire en Afrique. Alors que l’Hexagone a récemment revu sa stratégie dans la région, notamment avec la fin de l’opération Barkhane, la perte du Tchad comme partenaire stratégique complique davantage sa position dans la lutte contre le terrorisme au Sahel.

Le départ des troupes françaises du Tchad pourrait marquer une nouvelle étape dans la redéfinition des relations entre la France et ses anciennes colonies. Ce mouvement s’inscrit dans une dynamique où les États africains revendiquent davantage de contrôle sur leur souveraineté et leurs partenariats stratégiques.

 

Reste à savoir si ce retrait se déroulera dans un climat apaisé, à travers des négociations constructives, ou s’il cristallisera davantage les tensions entre Paris et Ndjamena. Dans tous les cas, cette décision aura des répercussions majeures sur l’équilibre géopolitique de la région et sur la stratégie de lutte contre le terrorisme au Sahel.

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