La cour d’assises de Paris a confirmé, mardi 17 décembre, la condamnation à perpétuité de Philippe Hategekimana, ancien gendarme rwandais naturalisé français sous le nom de Philippe Manier et reconnu coupable de génocide et de crimes contre l’humanité. Cet homme de 67 ans avait déjà été condamné en première instance en juin dernier.
Le verdict est tombé après six semaines et demie de procès en appel. Selon l’accusation, Philippe Hategekimana a joué un rôle central dans le génocide des Tutsis en 1994, notamment dans la préfecture de Butare, au sud du Rwanda. Il lui est reproché d’avoir participé et encouragé le meurtre de dizaines de Tutsis, en ordonnant et en supervisant notamment la mise en place de barrages routiers où des civils étaient identifiés et exécutés.
L’ancien gendarme a également été reconnu coupable d’avoir pris part directement à des massacres, dont celui de la colline de Nyabubare, où environ 300 personnes ont été tuées le 23 avril 1994. Il a également été jugé responsable de l’assassinat de Narcisse Nyagasaza, un bourgmestre qui s’opposait à l’exécution des consignes génocidaires.
Tout au long de son procès, Philippe Hategekimana, surnommé “Biguma”, a nié les accusations. Il a affirmé avoir quitté la région de Nyanza pour Kigali en avril 1994, avant les faits qui lui sont reprochés et a contesté toute implication dans le génocide. Cependant, ses déclarations ont été jugées peu crédibles par l’accusation, qui a dénoncé des “dénégations mensongères”.
Le président de la cour, Marc Sommerer, a souligné la responsabilité de l’ancien gendarme : « Vous avez usé de votre autorité et de votre prestige, non pour protéger la population, mais pour devenir un acteur zélé d’une organisation génocidaire. »
Pour Alain Gauthier, président du Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR), cette confirmation était attendue. Il estime que l’accusé a persisté dans une défense incohérente, basée sur des éléments qui n’ont pas résisté à l’examen des faits.
Entre avril et juillet 1994, le génocide rwandais a coûté la vie à plus de 800 000 personnes, principalement des Tutsis, selon les estimations de l’ONU. Philippe Hategekimana n’est pas le seul à avoir été poursuivi en France pour sa participation à ces crimes. Le 30 octobre dernier, Eugène Rwamucyo, un ancien médecin rwandais, a été condamné à 27 ans de réclusion criminelle pour complicité de génocide. Ce dernier a également fait appel de sa condamnation.