La RDC a déposé des plaintes pénales contre des filiales d’Apple en France et en Belgique.
Elle accuse depuis plusieurs mois la marque d’acheter des minerais passés en contrebande depuis l’Est instable du pays jusqu’au Rwanda voisin, où ils sont blanchis et « intégrés dans les chaînes d’approvisionnement mondiales ».
La plainte vise ces faits, mais aussi les « pratiques commerciales trompeuses »qu’utiliserait Apple « pour assurer les consommateurs que les chaînes d’approvisionnement du géant de la technologie sont propres », précise le communiqué des avocats Robert Amsterdam (Washington), William Bourdon et Vincent Brengarth (Paris) et Christophe Marchand (Bruxelles).
D’après toujours le communiqué, la RDC entend avec cette « première » action judiciaire « confronter les individus et les entreprises impliqués dans la chaîne d’extraction, d’approvisionnement et de commercialisation des ressources naturelles et des minerais pillés en RDC ».
Des accusations qui s’appuient notamment sur un rapport de l’ONG The Enough Project. Publié en 2015, ce rapport affirme que « ces sites de minerais apparaissent souvent contrôlés par des groupes armés qui contraignent, par la violence et la terreur, des civils à y travailler et à transporter ces minerais » et que « des enfants sont également forcés à travailler dans ces mines ».
La RDC est un producteur majeur d’étain, de tantale et de tungstène. Or ces minerais, les « 3T », selon la terminologie anglaise, essentiels à la fabrication d’ordinateurs et de téléphones portables, sont souvent exploités dans des conditions condamnables.
Rappelons qu’en avril, la RDC avait mis en demeure Apple sur ce sujet.
Kigali avait aussi estimé que les allégations de son géant voisin étaient « sans fondement ».
L’Est de la RDC, riche en minerais, est en proie à la violence depuis les années 1990, et les tensions se sont aggravées depuis la réapparition fin 2021 de la rébellion du M23, soutenue par le Rwanda. Les rebelles occupent de larges pans du territoire dans le Nord-Kivu.