La Cour de Répression des Infractions économiques et financières (CRIEF) a autorisé Ibrahima Kassory Fofana, ancien premier ministre du gouvernement d’Alpha Condé, accusé de détournement présumé de deniers publics et d’enrichissement illicite, à aller se faire soigner dans un centre spécialisé. Mais où précisément ?
Les details sur cette question, c’est dans cette interview avec Me Dinah Sampil, un des avocats de l’ex-tenant de la Primature guinéenne.
Lesnouvellesdafriques.info : Me Dinah Sampil, la Cour de répression des infractions économiques et financières a statué sur la requête de transfert de Ibrahima Kassory Fofana vers un centre spécialisé pour les soins. Pourtant, ce centre jusqu’à présent n’est pas indiqué. Pourriez-vous nous en dire plus sur cette décision?
Me Dinah Sampil : il ne revenait pas à la cour de dire vers quel centre il doit être transféré. Le choix du centre revient au patient lui même, au malade je veux dire. C’est lui qui sait vers quel centre, suivant les renseignements dont il dispose, où il doit s’orienter. Bien avant la chute du gouvernement Alpha Condé, lui en sa qualité de premier ministre, il avait été diagnostiqué à l’hôpital américain de Paris, qui avait révélé l’existence des anomalies que les médecins guinéens viennent de confirmer. Donc, nous estimons que c’est vers ce centre qu’il doit s’orienter en premier lieu pour approfondir son diagnostic, constater son état actuel et éventuellement entreprendre ce que de droit. C’est ce qui doit être fait dans le sens des soins.
Lesnouvellesdafriques.info : Me Dinah Sampil, concernant son évacuation à l’étranger pour des soins appropriés dans un centre spécialisé, la Cour de répression des infractions économiques et financières s’est t-elle prononcée de manière directe ou indirecte ?
Me Dinah Sampil : la Cour autorise directement le malade Ibrahima Kassory Fofana à aller se faire soigner dans un centre spécialisé. Et puisqu’ il n’y a pas de centre spécialisé en République de Guinée, de l’avis général de tous les médecins, sept fois par la clinique Pasteur et trois fois par le CHU de Donka. À cela s’ajoutent peut-être les recherches effectuées par le parquet spécial.
Lesnouvellesdafrique.info : voulez-vous nous faire comprendre qu’il doit être évacué à l’étranger de toute urgence?
Me Dinah Sampil: Non. Le mot évacuer ne convient pas tellement. Plutôt le transférer dans un centre spécialisé. Évidemment, les traitements vont se poursuivre à l’étranger.
Lesnouvellesdafriques.info : vous n’avez cessé de le rappeler, dans vos plaidoiries, que la Guinée ne dispose pas de centre spécialisé pour soigner Ibrahima Kassory Fofana. À votre avis, qu’est-ce qu’il faut ?
Me Dinah Sampil : encore une fois, les soins se feront forcément à l’extérieur parce que nous ne disposons pas en Guinée de ce centre qui permet de réaliser l’intervention chirurgicale.
Lesnouvellesdafrique.info : Me Dinah Sampil, dans votre intervention, vous avez souligné que la Cour a autorisé le transfert de votre client dans ce centre spécialisé. La cour s’est-elle prononcée sur la date d’autorisation de sortie ?
Me Dinah Sampil : la date revient au patient pour se faire soigner. Encore une fois, en fonction de ses moyens parce que ce n’est pas l’Etat guinéen qui l’évacue .
Lesnousvellesdafriques.info: à vous entendre, toutefois, s’il dispose des ressources financières lui permettant d’être évacuer, ce qui veut dire qu’il le sera ?
Me Dinah Sampil : il partira à partir de ses moyens personnels. Ce n’est pas au compte de l’Etat. Franchement, je ne pourrai pas vous dire la surface financière dont il dispose. Je ne suis pas dans ce secret là. Un malade qui est alité, on lui dit « Va te soigner. C’est toi qui sais maintenant ce qu’il faut ».
Lesnouvellesdafriques.info : la Cour de répression des infractions économiques et financières a fixé un délai de retour le 25 janvier 2024. Qu’en pensez-vous ?
Me Dinah Sampil : le problème, c’est que la Cour, en accordant le transfèrement de M. Kassory Fofana a, en même temps, assorti ce transfèrement d’un délai fixé au 26 janvier 2025. Mais cela me paraît une absurdité dans la mesure où c’est le médecin traitant qui devrait déterminer le temps de traitement. Ce n’est pas une Cour qui le fixe.
Lesnouvellesdafriques.info : donc, ce qui veut dire que la cour n’a pas consulté encore le médecin traitant ?
Me Dinah Sampil : mais encore faudra-t-il le connaître avant de le consulter. On dit un centre spécialisé. Lequel de ces centres précisément ? Et à date, ce centre n’est pas connu. Comment on va consulter le médecin, alors qu’il n’est même pas identifié à plus forte raison le centre hospitalier le plus approprié ?
Lesnouvellesdafriques.info : le patient Ibrahima Kassory Fofana n’a t-il pas pris la peine d’indiquer à la Cour ce centre spécialisé ?
Me Dinah Sampil : vous savez dans quel état de santé il se trouve aujourd’hui ? Donc, on ne peut pas lui demander des choses qu’il ne peut pas faire.
Interview réalisée par Fodé Touré