« La Russie a fait le choix de sacrifier le régime de Bachar el-Assad pour préserver ses relations avec la Turquie », selon Seidik Abba

« La Russie a fait le choix de sacrifier le régime de Bachar el-Assad pour préserver ses relations avec la Turquie », selon Seidik Abba

Le président syrien Bachar el-Assad a été chassé du pouvoir dimanche (08.12.24) par les rebelles islamistes du groupe Hayat Tahrir al-Sham(HTS), après près d’un quart de siècle au pouvoir. Bachar el-Assad est désormais réfugié en Russie.

Une fin de règne qui va semble-t-il redistribuer les cartes dans les relations géopolitiques et géostratégiques étant donné que la Russie est un allié clé du régime déchu de Bachar el-Assad. Moscou qui est rentrée dans le conflit en Syrie en 2015 détient des bases militaires dans la région et à déployé des soldats en Afrique notamment en Libye et dans le Sahel.  Ainsi, on s’interroge sur les conséquences possibles de la chute du régime de Bachar el-Assad sur les relations entre les États du Sahel et la Russie.

Pour Seidik Abba, président du Centre international de réflexions et d’études sur le Sahel (CIRES) et chercheur associé au Groupe interdisciplinaire en histoire de l’Afrique, il n’y a pas de raison de comparer ce qui s’est produit  en Syrie et la situation au Sahel.

« Il n’y a pas de rapport entre le régime de Bachar el-Assad et la Russie. Ils n’ont pas la même nature des relations entre les pays de l’AES et Moscou. La Russie avait envoyé des hommes, des forces spéciales et des moyens aériens lorsqu’il s’est agi de protéger le régime  de Bachar el-Assad. Il n’y a pas d’implication aussi importante au Sahel qu‘en Syrie. Pendant longtemps cela a été des forces Wagner qui sont devenu Africa Corps qui sont des supplétifs de l’armée russe mais qui ne sont pas des composantes directe de l’armée russe », explique Seidik Abba.

Selon Seidik Abba, « l’abandon de Bachar el-Assad a été négocié entre la Russie, la Turquie et l’Iran. Tout le soutien que la Russie a apporté à la Syrie était un soutien qui dépendait à la fois de la Russie mais aussi de ses relations avec les deux États précités. La Russie a fait le choix de sacrifier le régime de el-Assad pour  préserver ses relations avec la Turquie. Parce que celle-ci a été bienveillante. Il y’a des dimensions de politique intérieure turque puis que Ankara voudrait que la stabilité revienne, que Bachar el-Assad soit évincé pour que tous les Turcs qui sont sur le territoire puissent repartir en Syrie et visiblement l’abandon a été décidé en concertation avec l’Iran et la Russie. Alors qu’au Sahel, il n’y a pas cette configuration, précise-t-il ajoutant qu’il s’agit plutôt d’un soutien logistique, matériel, d’un soutien en instruction apportée au Sahel qui n’est pas le cas de la Russie. C’est pour cette raison que la comparaison avec la Syrie n’est pas pertinente. Car n’étant pas de la même dimension ni les dans les mêmes contextes », insiste Seidik Abba. Celui-ci affirme qu’au regard des enjeux de la guerre en Ukraine, c’est clair que il est difficile pour la Russie d’être sur plusieurs fronts même s’il est d’avis que la Russie a un déploiement à l’extérieur important.

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À en croire le chercheur Seidik Abba, en raison des enjeux géopolitiques et géostratégiques, il y’a peu de chance que la Russie se retire du Sahel comme elle l’a fait avec la Syrie.

« La Russie a besoin de cette présence au Sahel pour contrecarrer l’influence de l’Occident. Sur les pays du Sahel, on se souvient lors du vote de l’assemblée générale des Nations unies, beaucoup de pays d’Afrique avaient voté contre les sanctions vidant la Russie en raison de sa présence sur le continent et des nouveaux développements », dit-il.

Et de poursuivre « Compte tenu du contexte sécuritaire au Sahel et du fait qu’elle est devenu une sorte de paria dans le reste du monde. C’est en Afrique que la Russie retrouve son influence qui du reste s’agrandit de jours en jours. Les pays africains ont besoin de la Russie dans le contexte sécuritaire actuel mais aussi pour les céréales et les engrais. Il y avait un accord avec les Nations unies, l’Ukraine et la Russie  parrainé par la Turquie pour faire passer les céréales. Toutefois, cet accord n’existe plus car la Russie a négociée des accords bilatéraux avec des pays africains qu’elle aide directement. Je pense que tous ces enjeux géostratégiques, d’influence, la rivalité avec l’occident, avec la France pour parler du Sahel, font que la Russie ne va pas abandonner les pays du sahel. Comme je l’ai dit tantôt, elle a abandonné le régime de el-Assad pour sauver ses relations avec la Turquie mais aussi pour se concentrer. Après la Syrie, l’Afrique reste son principal terrain de recherche d’alliance et de soutien diplomatique . Donc , pour rien au monde elle n’abandonnera l’Afrique », conclut-il.

Le conflit en Syrie a causé la mort d’environ 500 000 personnes depuis 2011, selon les données de l’OSDH. Parmi elles, de nombreuses victimes civiles ont péri en raison des bombardements, des combats au sol, des détentions arbitraires ou encore des tortures. À ce bilan s’ajoutent plus de 130 000 personnes qui ont été arrêtées par le régime de Bachar el-Assad ou qui ont disparu depuis le début du conflit.

Le bilan des derniers jours de combat dépasse les 900 morts, dont près de 140 civils, en 11 jours, selon l’OSDH.

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