Dans la soirée de lundi, le parquet général de Conakry a pris une décision : celle de réquisitionner les forces publiques, avec notamment pour objectif le démantèlement des lieux de crimes et l’immobilisation de tout engin roulant non immatriculé. Sur le terrain, les altercations commencent déjà.
Comme à tous les autres ronds-points de Conakry, celui de la T10 (Transversale numéro dix) est bourré de conducteurs de taxis-motos. Juste à côté, des bérets rouges. Ils y sont depuis plusieurs mois. Leur déploiement consiste à venir en aide à la police et à la gendarmerie en cas de manifestations ou de tentative de blocage de la circulation. Il vise aussi à combattre le banditisme. Une mission qui inclut désormais une autre, à savoir la réquisition émise par le parquet général.
C’est dans le cadre de cette mission supplémentaire que les bérets rouges postés au rond-point de la T10 ont saisi quelques motos mardi. Aucune d’elles n’est immatriculée. Elles appartiennent toutes à des taxis motards.
L’un des propriétaires explique : « Deux d’entre eux sont venus vers moi. Ils ont tellement duré ici qu’on les connaît. Quand je les ai vus venir vers moi, je pensais que c’était pour me prendre en déplacement. Mais à ma grande surprise, ils m’ont dit de descendre et ont amené la moto à côté de leur pick-up. Je me suis disputé avec eux, mais ils m’ont dit que si je n’arrêtais pas, ils me feraient regretter. D’après eux, l’ordre est venu je ne sais de qui pour arraisonner tout engin sans immatriculation ».
Un autre enchaîne : « Comme je n’écoute pas les informations, je ne savais même pas qu’il a été décidé de ne plus accepter dans la circulation une moto ou tout autre type d’engin roulant non immatriculé. Moi, j’étais devant leur pick-up quand ils m’ont pris ma moto. J’ai refusé de lâcher la moto, mais ils m’ont contraint à l’inverse ».
Ces deux jeunes conducteurs de taxis-motos assurent que leur syndicat est déjà au courant de ce qui leur est arrivé. Ils ajoutent que des négociations sont en cours pour la libération des engins saisis.
Nous avons essayé d’avoir le premier responsable dudit syndicat sur ce qui s’est passé, mais il n’a pas accepté de se prêter à notre micro. Le parquet général de Conakry justifie sa réquisition des forces publiques par la recrudescence du banditisme dans le pays.