L’initiative du Haut-Commissariat des Nations-Unies aux droits de l’homme a mobilisé un parterre d’invités dont des membres du gouvernement, des diplomates en poste à Conakry et des universitaires.
Le représentant du Haut-Commissariat des droits de l’homme en Guinée, Aimé Ntumba Kakolo, a profité de l’occasion pour livrer le message du Haut-commissaire des Nations unies.
« Aujourd’hui, à l’occasion de la journée des droits humains, je veux revenir sur ce que nos droits signifient. Les droits humains nous concernent tous et toutes. Il s’agit de vous et vos vies : vos besoins, vos envies, vos craintes et vos espoirs pour le présent et l’avenir. Un logis où vivre en sécurité. Avoir à manger et de l’eau potable. Des soins de santé. Une éducation, un travail décent et un salaire minimum viable. Vivre en paix, m’être libre d’examiner mes opinions. Ce sont vos droits. Ils sont au cœur de ce que nous sommes et de comment nous vivons. Ce sont des engagements juridiques que tous les États ont pris pour servir leur population. Ce ne sont pas les idées abstraites ou idéologiques à débattre dans un club élitiste. Les droits appartiennent à la mère célibataire qui a trois emplois et qui doit payer la scolarité de ses enfants. Ils appartiennent à l’enfant qui appelle au secours, enseveli sous les décombres de sa maison (…) », a déclaré Aimé Ntumba Kakolo.
Dans son discours circonstancié, Yaya Kairaba Kaba, le ministre de la Justice et des Droits de l’homme, a réaffirmé l’engagement de la justice guinéenne à assainir le fichier judiciaire et à rétablir les droits des citoyens bafoués. Il a également souligné l’importance de cette journée. Il a dit que c’est un moment d’opportunité de réflexion, de sensibilisation et de mobilisation de tous en faveur des droits humains.
« Elle marque la célébration de l’un des plus grands engagements mondiaux, à savoir la déclaration universelle des droits de l’homme, une déclaration qui élève l’humain à sa plus grande dignité en mentionnant dans son préambule, je cite, considérant que la reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine et de leurs droits égaux et inaliénables constituent le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde, considérant que la méconnaissance et le mépris des droits de l’homme ont conduit à des actes de barbarie qui révoltent la conscience de l’humanité et que l’avènement d’un monde où les êtres humains seront libres de parler, de croire, libérés de la terreur et de la misère, a été proclamé comme la plus haute aspiration de l’homme. Ainsi, au-delà des solennités et des discours, cette journée aussi doit être un moment de réflexion sans passion sur la manière dont chacun de nous, individuellement et collectivement, citoyens et autorités, participent à cette élévation de tous les membres de la famille humaine vers cet état suprême voulu par les rédacteurs de ce document », dit le ministre de la Justice.
Luc Briard, ambassadeur de France en Guinée, également présent à cette journée commémorative des droits humains, a déclaré tout l’intérêt que la France accorde à la Guinée pour garantir les droits fondamentaux des citoyens.
« Cette journée des droits de l’homme est un peu particulière pour la Guinée. Puisque, quelque part, ça ouvre l’examen périodique universel qui sera l’exercice auquel sera confrontée la Guinée en avril. En avril 2025, aux Nations Unies. C’est un exercice intéressant parce qu’il oppose l’État à ses pairs. Et vous savez que la France est plus critiquée que la Guinée à Genève. Nous avons reçu plus de recommandations de la communauté internationale que la Guinée. Donc c’est aussi une pierre dans notre propre jardin. La France est régulièrement attaquée pour racisme et xénophobie (pour son non-respect du droit des migrants) ou pour le sort réservé aux personnes handicapées. C’est donc un point important d’entendre la critique de nos pairs pour pouvoir nous améliorer. Pour la Guinée, la France avait fait un certain nombre de recommandations lors du dernier passage, en 2019, notamment concernant l’abolition des mutilations génitales féminines, le sort des disparitions forcées ou les allégations de violation des droits de l’homme par les forces de sécurité. Ce n’est pas une critique, ce n’est pas une leçon. C’est comment nous pouvons faire humanité commune pour nous améliorer collectivement. Et c’est pour ça qu’une telle journée est là. Et je me réjouis que l’avant-projet de la Constitution, qui va être proposé prochainement au suffrage du peuple guinéen, inclut l’ensemble de ces recommandations dans les articles mêmes de la Constitution qui seront évidemment opposées par les juges dans les juridictions nationales », selon Luc Briard, ambassadeur de France.
Les étudiants de la faculté de droit étaient fortement mobilisés à cet événement. Ils ont manifesté leur sentiment de participer aux échanges liés aux droits humains. Ils ont fait remarquer que cette journée leur rappelle qu’un individu doit disposer et jouir de ses libertés fondamentales sans aucune forme de restriction des libertés. Ils ont par ailleurs fait savoir que les réalités actuelles du pays ne sont pas en adéquation avec la journée internationale des droits humains.