En Guinée, les professionnels des médias traversent une période sombre. Depuis le 5 septembre 2021, le pays est sous la direction du Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD), avec à sa tête le général Mamadi Doumbouya.
De nombreux Guinéens, voire presque tous, avaient salué le coup d’État, espérant y voir une libération tant attendue. Mamadi Doumbouya avait posé des gestes forts, notamment la libération des figures de la société civile comme Oumar Sylla (alias Foniké Mengué) et Mamadou Billo Bah. Ces actions avaient suscité de grands espoirs, amplifiés par des promesses ambitieuses faites par le nouvel homme fort du pays. Cependant, ces engagements se révèlent aujourd’hui illusoires pour beaucoup.
Actuellement, le climat en Guinée est marqué par des arrestations arbitraires, des kidnappings, des harcèlements et des menaces, particulièrement envers les professionnels des médias. Les journalistes, en quête de vérité, sont devenus les principales cibles du régime. Certains membres de l’ancien gouvernement ont été jugés et condamnés, tandis que d’autres restent en détention sans procès ou ont été contraints à l’exil. Des militants de la société civile est des journalistes ont également disparu sans laisser de trace. Parmi eux, le cas de Habib Marouane Camara, journaliste, ancien chroniqueur de l’émission On refait le monde de Djoma Médias et fondateur du site d’information LeRévélateur224.com , est particulièrement préoccupant.
Habib Marouane Camara a été enlevé par des individus non identifiés alors qu’il s’apprêtait à honorer une invitation. Depuis cet incident, personne ne sait où il se trouve ni qui est responsable de cet acte. Des témoins rapportent qu’il aurait été intercepté, séquestré, puis extrait de son véhicule pour être conduit vers une destination inconnue. Avant son enlèvement, le journaliste et sa famille recevaient régulièrement des menaces. Quelques jours avant cet enlèvement, le parti politique MODEL, dirigé par Aliou Bah, avait également alerté l’opinion nationale et internationale sur des menaces similaires visant son président.
Outre les kidnappings, la fermeture de médias comme Espace TV, Fim FM et Djoma Médias par les autorités marquent une nouvelle étape dans la répression. Ces dernières justifient ces fermetures en invoquant un non-respect des cahiers des charges. Avant leur mise hors service, ces médias avaient déjà subi des restrictions, notamment leur retrait du bouquet Canal+. Ces décisions ont plongé des centaines de journalistes dans le chômage, privé ainsi de nombreux pères de famille de leur source de revenus.
La liberté de la presse est gravement marginalisée en Guinée. Les droits des journalistes sont systématiquement bafoués, et la Haute Autorité de la Communication (HAC) semble davantage préoccupée par la préservation des intérêts du régime que par la défense de la profession. La suspension arbitraire des journalistes est devenue monnaie courante.
Face à cette situation, les professionnels des médias s’interrogent : doivent-ils abandonner leur métier et sombrer dans le chômage ? Faut-il se conformer aux attentes des autorités au risque de trahir la vérité ? Ou bien continuer à exercer avec intégrité, au prix de leur liberté, voire de leur vie ?
Le pouvoir n’est jamais éternel, et un jour, le général Mamadi Doumbouya, comme tout dirigeant, devra céder sa place. Seule demeure l’espérance que la vérité et la justice triomphent finalement en Guinée.