Il y a 54 ans, jour pour jour, Conakry, la capitale guinéenne, faisait l’objet d’une invasion portugaise. C’était le 22 novembre 1970. Elhadj Ibrahima Sampiring Diallo était jeune à l’époque. Il se souvient de ce qui s’est passé. Dans un entretien à lesnouvellesdafrique.info, il relate ce qui a conduit à l’attaque et les conséquences.
Le 22 novembre 1970, alors qu’il faisait encore nuit à Conakry, des Portugais, appuyés par des mercenaires Bissau-guinéens et guinéens, s’emparent de la ville. Très rapidement, ils prennent le contrôle de plusieurs endroits stratégiques de la capitale Guinéenne. Elhadj Ibrahima Sampiring Diallo, compagnon de l’indépendance et
ancien maire de Labé, une des principales villes de la Guinée, raconte : « La Guinée, qui avait opté pour l’indépendance nationale, la priorité de son gouvernement était d’abord d’appuyer les peuples africains encore sous domination étrangère. C’est ainsi que la Guinée avait engagé son armée aux côtés du PAIGC (Parti africain de l’indépendance de la Guinée Bissau) et finalement, la victoire a été obtenue. Les Portugais avaient beaucoup de prisonniers au camp Boiro, dont le fils du maire de Lisbonne. Leur stratégie, c’était de renverser le régime de Sékou Touré et de libérer leurs prisonniers. Une fois que le Portugal a réussi à libérer ces gens, ils sont partis avec un bateau, abandonnant les Africains qu’il avait débarqués sur les côtes guinéennes ».
Dans la même nuit, juste après le retrait des Portugais, le régime de Sékou Touré lance une opération de chasse à l’homme avec pour cible les présumés complices internes. Des centaines de personnes sont arrêtées, jugées et condamnées à mort par pendaison dans les minutes qui suivent.
« Les gens ont été attrapés et finalement, le tribunal révolutionnaire, qui les avait jugés, avait proclamé leur condamnation à mort par pendaison. Beaucoup de ces gens ont été pendus dans toutes les villes de Guinée. À Labé, particulièrement, il y a eu deux mercenaires qui ont été attrapés et pendus au Stade régional. À 5 h du matin, j’ai entendu un camion militaire qui allait vers le stade, mais je ne me suis pas levé. Tous les citoyens avaient été invités à assister à cette pendaison, mais moi, je n’y avais pas osé », se souvient-il.
Cette agression portugaise contre la Guinée est survenue 12 ans après l’indépendance du pays. Indépendance acquise le 2 octobre 1958.