Ce dimanche 17 novembre, environ 7,3 millions d’électeurs se sont rendus dans les urnes afin de choisir les 165 députés qui les représenteront pendant les cinq prochaines années à l’hémicycle. Le fait marquant, près de 49,72 % ont pris d’assaut des bureaux de vote, comparé aux années précédentes où on avait 39 % en 2012 et 42 % en 2022.
Un taux pas encore officiel, mais qui traduit une implication de la population, notamment de la jeunesse sénégalaise. Un raz de marée du phénomène Sonko, selon l’analyste politique Bakary Domingo Mané. « Il faut noter que l’électorat de l’opposition ne s’est pas mobilisé.
« L’effet de foule de Sonko a marché. Et cela a fait que l’opposition n’a pas jugé nécessaire de sortir voter, car la victoire était déjà acquise pour Pastef. « Le problème vient de l’opposition à mon avis », dit-il. Une victoire que s’explique aussi par une forte mobilisation de la jeunesse de Pastef.
« Le Pastef a fait une campagne programmatique. Avec le référentiel Sénégal 2050, à chaque contrée où il se rendait, le parti au pouvoir insistait sur les différents pôles et leurs impacts. La violence électorale, notamment ce qui s’est passé à Saint Louis, a également joué à la faveur de Sonko. Le Pastef a réussi à drainer des foules immenses. Et la personnalisation de ces élections législatives ont mis en exergue la figure de Ousmane Sonko. Ce qui en principe était lié lors des présidentielles. Grâce à lui, il a pu mobiliser son camp et d’autres qui étaient réticents», insiste M. Mané qui rappelle que les Sénégalais semblent méconnaître le rôle des représentants à l’hémicycle.
L’avenir des anciennes figures politiques
Selon l’analyste politique « Nous avons des jeunes aux affaires. Le Président Faye et son Premier ministre sont dans la quarantaine. Il est donc évident que tous les hommes politiques qui sont dans la soixantaine, à l’image de Aminata Mbengue Ndiaye, Moustapha Niass, Khalifa Sall, entre autres, ne vont plus exister dans cinq ans. Ils vont partir à la retraite et vont donner les commandes aux jeunes de leurs partis. La nouvelle génération va faire face au duo Sonko-Diomaye. On peut citer Anta Babacar Ngom et Barthélemy Diaz ».
À en croire M. Mané, le fait que le Pastef participe à ces élections en faisant cavalier seul a été symbolique, car dit-il, Ousmane Sonko a démystifié la perception que tout le monde avait sur la politique. C’est-à-dire qu’aucune élection ne peut être gagnée seule, qu’il faut aller en coalition. C’est une leçon qui montre qu’il y a une autre manière de faire de la politique.
« La politique d’invectives et mensongères que l’on voyait auparavant est désuète. » L’opposition fera donc face aux nouveaux tenants du pouvoir et va devoir être dans les propositions et analyses profondes. « Il y aura de la qualité du débat politique qui va s’instaurer », fait-il savoir.
Le président Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko doivent donc trouver des réponses aux questions sociales urgentes, notamment une inflation élevée et une pauvreté endémique, le chômage des jeunes exacerbé par les vagues de l’émigration irrégulière, la corruption et la justice sociale.
Un duo qui, en revanche, n’a pas droit à l’erreur vu le fort engouement et compte tenu des attentes des Sénégalais, estime M. Mané qui affirme que « l’Assemblée nationale est désormais entre les mains du pouvoir avec ses députés qui vont devoir agir en votant des lois. Par exemple celle qui concerne la mobilisation des ressources internes à travers des impôts qu’ils vont proposer aux Sénégalais. Ils ont dit qu’ils veulent financer les économies sénégalaises à partir des ressources internes. »
Enfin, M. Mané, semble persuadé que les autorités sont conscientes des enjeux et n’ont plus de temps à perdre. « Le peuple leur a donné toutes les cartes ; donc, ils n’ont pas droit à l’erreur. Ils doivent foncer et servir la population », conclut-t-il.