C’est désormais officiel, le candidat républicain est de retour à la Maison Blanche, quatre ans après l’avoir quittée. Donald Trump a battu la candidate démocrate Kamala Harris. Plusieurs dirigeants africains ont déjà adressé leurs félicitations à Donald Trump pour son succès, illustrant leur volonté d’entretenir des relations diplomatiques solides avec les États-Unis. Mais, qu’est ce que l’Afrique peut-elle retenir de cette élection et quelle sera la politique étrangère du 47e président des USA?
Dans cet entretien, Kag SANOUSSI, président de l’Institut International de Gestion des Conflits, IIGC, expert en Intelligence Négociationnelle revient, ici, sur l’impact que cette élection pourrait avoir sur le continent africain. Selon lui, le retour de M. Trump est une opportunité de réajustement mais cela devrait aussi imposer aux dirigeants africains, une vigilance accrue pour éviter un affaiblissement de leurs institutions et une dépendance accrue à des relations bilatérales déséquilibrées.
lesnouvellesdafrique.info: Les USA ont élu leur 47e président ce mardi 5novembre. Quel impact aura cette victoire de Trump sur le continent africain ?
Kag Sanoussi: La réélection de Donald TRUMP comme 47eme Président des USA, pourrait représenter une mise à l’épreuve, sûrement salutaire, pour les dirigeants africains. En effet, son mode de gouvernance, disruptif, direct et hors du conventionnel diplomatique, peut leur faire gagner le temps en n’étant plus soumis à l’ambiguïté stratégique consciente et ainsi, à mieux clarifier leurs propres priorités et renforcer leurs positions stratégiques.
Sa diplomatie directe, axée principalement sur les intérêts américains, pourrait conduire à des relations plus franches mais aussi plus exigeantes.
Il est donc essentiel pour les leaders africains d’être préparés à défendre leurs intérêts sans céder aux pressions unilatérales, car au-delà des apparences, ils ont une force.
lesnouvellesdafrique.info: La victoire de Trump va-t-elle changer les relations entre Washington et les capitales africaines, notamment dans les domaines sanitaires et sécuritaire?
Kag Sanoussi: En matière sanitaire et sécuritaire, le président Donald TRUMP est partisan d’un soutien conditionné et orienté vers des résultats tangibles. Les dirigeants africains devront donc anticiper un possible recul de certains financements, particulièrement ceux liés à l’aide humanitaire, et être prêts à réaffirmer la souveraineté de leurs systèmes de santé et de défense. Celui exige qu’ils s’en donnent les moyens.
Il faut cependant souligner que cette dynamique peut être une source d’ affaiblissement des organisations panafricaines et sous-régionales. En effet, la politique de Trump pourrait encourager des alliances bilatérales exclusives, ce qui peut créer des rivalités entre États et diminuer la cohésion africaine. Il est donc crucial que les organisations continentales renforcent leur unité et leur crédibilité pour éviter un éclatement des intérêts et des priorités, qui risquerait de les rendre vulnérables face aux nouvelles exigences de Washington.
lesnouvellesdafrique.info: Quel enseignement tirez-vous de ce retour éclatant de Trump malgré ses discours contre la migration ?
Kag Sanoussi: Le retour de Trump, malgré ses discours anti-immigration, montre qu’une part importante de son électorat valorise son approche directe et pragmatique, même si les propos sont parfois outranciers et inappropriés.
On peut espérer qu’en reprenant le pouvoir, il saura distinguer entre le discours de campagne et la réalité de la gouvernance, et reconnaître que l’immigration, loin de mériter une stigmatisation, peut constituer un atout pour le pays. Un regard lucide sur le potentiel économique et culturel des immigrés permettrait de dépasser les peurs internes pour valoriser les apports concrets de l’immigration.
En somme, ce retour de Trump est une opportunité de réajustement, mais cela va imposer aux dirigeants africains une vigilance accrue pour éviter un affaiblissement de leurs institutions et une dépendance accrue à des relations bilatérales déséquilibrées.
Pour le monde, et pour l’Afrique, chacun comprend et comprendra que ce qui est constant, c’est le changement, et celui a quelque chose de déconcertant, car imprévisible.