Kamala Harris : « YES SHE CAN » Par Amina Priscille Longoh

Kamala Harris : « YES SHE CAN »   

Le mardi 5 novembre 2024, environ 235 millions d’électeurs américains vont se rendre aux urnes (certains d’entre eux auront voté par correspondance avant la date du scrutin) pour élire (dans un scrutin indirect) le 47e président de leur pays.

Cinq candidats sont en compétition, dont l’ancien président, Donald Trump, et l’actuelle vice-présidente, Kamala Harris. Le nouveau locataire de la Maison-Blanche sera élu le 17 décembre par les grands électeurs, un collège électoral composé de 538 membres. Pour être élu, le, ou la, candidat(e) doit obtenir au moins 270 voix de ces grands électeurs.

Pour autant, la prochaine élection présidentielle américaine du 5 novembre n’a peut-être pas fini de surprendre par ses retournements de situation.

Nul n’imaginait alors que le scrutin de 2024 serait un remake de celle de 2020, un match retour entre Joe Biden et Donald Trump que les ennuis judiciaires n’ont guère affaibli, tandis que le candidat démocrate se montrait de moins en moins apte à assumer les charges de la fonction présidentielle.

Mais lorsque Joe Biden se retire de la course à la prochaine présidentielle au profit de l’actuelle vice-présidente Kamala Harris, l’investiture de la candidate démocrate modifia radicalement la physionomie de la course à la Maison-Blanche.

Face à Kamala Harris, Donald Trump est passé du statut de favori à celui de challenger. À trois semaines du scrutin, selon les derniers sondages du New York Times, réalisés par Siena College et publiés début octobre, Kamala Harris est créditée de 49 % des intentions de vote contre 47 % pour son adversaire républicain, Donald Trump. Mais les résultats des sondages sont très serrés dans certains États, ce qui rend incertain le résultat final.

Amina Priscille Longoh, Ministre d’État, ministre de la Femme et de la Protection de l’enfance du Tchad

 

Le come-back de Kamala Harris

Le premier débat télévisé, sur la chaîne de télévision ABC, le 10 septembre 2024, a effectivement donné raison aux démocrates qui faisaient une pression amicale sur Joe Biden afin qu’il passe à sa vice-présidente le fanion du camp démocrate.

Si le débat à lui seul décidait de l’issue de l’élection, nous pourrions dire que les jeux sont faits. Kamala Harris, magistrate chevronnée et rompue aux échanges contradictoires, est parvenue à ramener Donald Trump sur un terrain que redoutait son équipe de campagne, parce que désastreux pour son image, celui de l’outrance, de l’approximation, des contre-vérités où il excelle le plus et qui sont d’ailleurs sa marque de fabrique. Décidément, on ne se refait pas.

Propos grotesques

Donald Trump a prouvé son absurdité par son affirmation invraisemblable, démentie aussitôt par les modérateurs, sur ces immigrés haïtiens qui se seraient nourris de chiens et de chats, animaux de compagnie de paisibles citoyens américains.

Au-delà de ce qu’il y a de grotesque dans ce propos, il faut en faire une lecture plus fine. Pourquoi indexer des immigrés haïtiens et non d’autres ? En effet, de manière subliminale et non anodine, le candidat républicain a voulu renvoyer, dans le subconscient de certains téléspectateurs, la candidate démocrate à ses origines africaines et aux clichés infamants qu’accolent depuis des lustres aux Noirs une pensée et une littérature raciste et xénophobe. Il faut se souvenir que Donald Trump n’aura eu de cesse de remettre en question la nationalité américaine de Barack Obama.

Un parcours exceptionnel

Donald Trump est d’autant plus désarçonné que la candidate démocrate est à elle seule un condensé de symboles forts comme on en a rarement vu dans l’espace politique, à l’échelle de la planète et, singulièrement, aux États-Unis d’Amérique. Sa carrière professionnelle et politique est d’abord celle d’une pionnière, d’une personnalité aux compétences rares et multiples qui s’est obstinée à reculer le plafond de verre.

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Kamala Harris fut la première femme procureure du district de San Francisco (2004-2011), la première femme procureure générale de Californie (2011-2017), puis sénatrice pour la Californie, de 2017 à 2021.

Lorsque Donald Trump, à un moment du débat télévisé, déplore, allant à l’encontre des statistiques, la hausse de la criminalité aux États-Unis, c’est bien la magistrate, gardienne de la morale publique qui assène : « C’est quand même gonflé venant d’un mis en examen ».

« Yes she can ! »

C’est avec cette formule, tout aussi historique qu’emblématique, que l’ancien président, Barack Obama, a récemment électrisé les délégués lors de sa prise de parole à la convention démocrate à Chicago, le 19 août, en soutien fervent à Kamala Harris.

Cette formule de ralliement démocrate, qui est la déclinaison au féminin du « Yes we can ! » de sa première campagne présidentielle victorieuse qui déjoua tous les pronostics, résume à merveille le parcours de Kamala Harris qu’il faut inscrire sous le sceau de la force de volonté.

C’est en ce sens que son parcours exceptionnel ne fait pas seulement sens pour les États-Unis d’Amérique, mais aussi pour toutes les femmes.

Illustres devancières

Depuis la seconde moitié du XXe siècle, Kamala Harris a eu d’illustres devancières qui ont démenti les préjugés sur la capacité des femmes à servir la société aux fonctions les plus élevées, à l’instar d’Indira Gandhi en Inde, Golda Meir en Israël, Margaret Thatcher au Royaume-Uni, Ellen Johnson Sirleaf au Liberia, Angela Merkel en Allemagne. La liste n’est pas exhaustive.

Renforcement de la parité au Tchad

C’est donc forts de ces précédents historiques et des acquis de ces géantes qu’au Tchad, depuis l’amorce du processus de démocratisation dans notre pays en 1990, et plus encore dès les premiers pas de la Transition et sous la Ve République, nous avons mis un point d’honneur à sensibiliser les femmes tchadiennes à cette vérité citoyenne qu’elles sont des Tchadiennes à part entière. Les efforts que nous avons entrepris, sous l’impulsion du président de la République, Mahamat Idriss Déby Itno, dans le renforcement de la parité qui impose un quota de 30 % de femmes aux postes de commandement et dans les instances décisionnelles, vont dans ce sens.

Mais, à l’instar de Kamala Harris, les lois et les décrets ne suffiront pas à faire des femmes tchadiennes, comme de toutes les femmes, les citoyennes qu’elles doivent pleinement être. Elles doivent être, au premier chef, maîtresses de leur destin, pour l’harmonie et la prospérité de la société tout entière.

Amina Priscille Longoh

Ministre d’État, ministre de la Femme et de la Protection de l’enfance,

officier de l’Ordre national du Tchad

@longoh_p

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