Dans son essai : « Ils savent que je sais tout. » « Ma vie en Françafrique », paru chez Max Milo, Robert Bourgi décortique les relations incestueuses entre la France et ses anciennes colonies africaines et le rôle qu’il y a joué, sous son « mentor » Jacques Foccart.
Ayant travaillé avec les présidents Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et côtoyé plus d’un chef d’État africain francophone, les relations entre la France et l’Afrique n’ont aucun secret pour Robert Bourgi.
Il relate le financement du RPR par la communauté libanaise d’Abidjan où il était installé au début des années 1980, un total de « 10 millions de dollars au minimum » versés par Denis Sassou Nguesso (Congo), Omar Bongo (Gabon), Blaise Compaoré (Burkina Faso), Mobutu Sese Seko (Zaïre) au profit de Jacques Chirac à l’approche de la présidentielle de 1995.
Les valises d’argent au profit du RPR, le parti de droite fondé en décembre 1976 sous l’impulsion de Jacques Chirac, qui le présidera de 1976 à 1994, sans « jamais » toucher lui-même à l’argent, étaient pour lui « un soutien à (sa) famille politique », affirme-t-il.
Avant la présidentielle de 1988, il explique avoir croisé, dans l’antichambre du bureau d’Omar Bongo, Roland Dumas (ministre des Affaires étrangères de 1988 à 1993), venu lui aussi chercher une valise d’argent pour le compte du Président socialiste François Mitterrand.
« Omar Bongo alimentait également le PS », il misait « sur tous les chevaux pour être certain d’avoir le gagnant » comme il l’a fait en 1995 au profit d’Edouard Balladur, « pour assurer ses arrières » en cas de victoire face à son rival à l’élection présidentielle Jacques Chirac – qui l’emportera.
Pour la présidentielle de 2002, ce sont à nouveau « près de 10 millions de dollars » qui ont été versés pour la campagne de Jacques Chirac par les présidents gabonais, congolais, ou encore Abdoulaye Wade (Sénégal), assure-t-il.
Blaise Compaoré fera déposer à l’Élysée 3 millions de dollars dans quatre djembés, l’Ivoirien Laurent Gagbgo, pourtant proche des socialistes, la même somme dans des « sacs de la marque Puma », clame-t-il.
« Chirac aimait les sous ! » Peu importe de qui ils venaient. « Il était irrésistiblement attiré par l’argent », estime-t-il. En revanche, il n’y a selon lui « jamais eu d’argent africain » au profit de l’ex-président français Nicolas Sarkozy (2007-2012) dont il s’est rapproché à partir de 2005.
Les chefs d’État africains se prêtaient à ces financements, selon lui, par « clientélisme politique au premier sens du terme ». La France restait très influente en Afrique. Rémunéré par ces derniers, Robert Bourgi explique avoir « joué les intermédiaires » à leur profit. « Mes missions consistaient à faire passer des messages plus ou moins cryptés. » « Je contourne la diplomatie officielle », affirme-t-il.
Habitué des coups médiatiques, M. Bourgi avait déjà formulé la plupart de ces accusations en 2011 dans la presse, en pleine enquête judiciaire sur « les biens mal acquis ». Ces propos avaient provoqué l’ire de Jacques Chirac qui l’a attaqué en diffamation avant de se désister en 2013.