Il y a 22 ans, le 26 septembre 2002, le ferry « Le Joola » sombrait au large de la Gambie faisant officiellement plus de 1800 morts.
Plus de deux décennies après le naufrage, l’une des requêtes formulées par les familles des nombreuses victimes a finalement vu le jour : l’ouverture du musée-mémorial du Joola.
Martine Kourouma, membre du Comité d’initiative, salue le travail fait pour honorer la mémoire des victimes, mais estime qu’il reste beaucoup à faire pour les victimes de l’une des pires catastrophes maritimes depuis celle du Titanic.
Elle estime que la construction du musée mémorial établi à Ziguinchor, dans le sud du pays, laisse entrevoir que l’histoire du Joola revêt une dimension régionale, alors que la tragédie a touché 12 nations.
Et si à Ziguinchor, les familles de près de 2000 victimes et 64 rescapés ont eu un écho favorable, à Dakar, en revanche, les victimes du Joola sont toujours dans l’attente.
Toutefois, l’élection à la présidence de la République de Diomaye Faye et le choix porté sur Ousmane Sonko comme Premier ministre suscitent de l‘espoir pour Mme Kourouma, celle qui a perdu sa maman dans le naufrage du Joola.
« C’est comme perdre une boussole, un choc », se souvient Martine.
Celle-ci estime que la posture prônée par les tenants du régime actuel dans la dynamique du « Jub, jubal jubanti » comprendre la droiture, la probité et l’exemplarité est différente de celle des régimes précédents. Elle espère que justice sera rendue aux nombreuses victimes et que les responsabilités seront partagées.
« Figurez-vous que l’on parle de pertes en vie humaine. Ni de 3 ou 4 personnes. Ce sont des milliers de personnes, des pères et mères de famille, des jeunes porteurs d’espoir qui ont péri dans ce bateau », nous rappelle Martine.
Le comité d’initiative pour l’érection du musée-mémorial Le Joola qui a vu le jour en 2007 a posé cinq points revendicatifs dont celui de faire de la journée du 26 septembre une journée de souvenir, du renflouement du bateau, de la prise en charge de tous les orphelins et rescapés, de l’érection du musée-mémorial et la justice aux victimes.
Cependant, 22 ans après le drame humain, la prise en charge de ces points est partielle. En effet, sur les 1900 orphelins du naufrage, Martine avoue que la moitié n’a pas été prise en charge. Le comité d’initiative exige du respect pour la mémoire des disparus et déplore l’absence d’attention particulière pour une date qui a marqué les esprits.
Mais Martine dit garder espoir le temps que le dossier du Joola soit bien étudié par les nouvelles autorités.
Le plus difficile pour Martine reste le fait de n’avoir pu faire son deuil de sa mère en l’absence de la sépulture. Une situation qui ouvre la boite de pandore à l’impérieuse nécessité du renflouement du bateau resté au fond de l’eau.