Sur la nécessité de réformer les mécanismes de la finance climatique

Lors de la prochaine conférence sur le climat (Cop 29) prévue en novembre 2024, il sera beaucoup question de financements au cours des négociations. « Ces mécanismes financiers sous forme de prêts font plus crouler les pays africains sous le poids de la dette », selon Alexandre Lette. Le directeur exécutif de Teranga Lab plaide pour un changement de paradigme de la finance climatique afin qu’elle soit équitable et accessible. Il s’est adressé à la rédaction des nouvelles dafrique.info.

Les mécanismes actuels de financement de la transition énergétique dans les pays africains reposent-ils en grande partie sur des prêts ? Oui, déclare Alexandre Lette. Pour lui, ceci contribue à l’alourdissement de la dette publique lorsque des pays comme le Sénégal sont déjà confrontés à des contraintes budgétaires. Ces financements sous forme de prêts viennent encore aggraver la situation, alors même que ces nations n’ont qu’une responsabilité marginale dans la crise climatique.

Teranga Lab plaide, donc, pour des financements sous forme de dons, de subventions et d’allègements de la dette, afin que la transition énergétique ne se fasse pas au prix de la viabilité économique des pays africains.

Réformes des mécanismes de financement

Outre le recours aux dons et subventions, le directeur exécutif de Teranga Lab préconise une réflexion orientée sur des instruments innovants de financement, comme les swaps de dettes pour le climat. Des moyens qui permettent de réduire la dette d’un pays en échange d’un engagement à investir dans des projets environnementaux.

« Les mécanismes de financement climatique doivent être réformés pour que les financements soient adaptés aux besoins spécifiques des pays africains », ajoute Alexandre Lette.

Pour pallier à la dépendance unique des prêts qui compromettent leur stabilité économique, il faut une justice climatique qui passe par une répartition plus équitable des ressources financières internationales.

Les subventions énergétiques rallongent le poids de la dette

« C’est en partie une confirmation », dit Alexandre Lette. Celui-ci estime qu’il convient cependant de nuancer. Les subventions énergétiques sont une réponse nécessaire à court terme pour protéger les populations vulnérables, insiste-t-il.

Alexandre Lette dénonce non pas l’impact des subventions, mais plutôt le modèle de financement de la transition énergétique basé sur des prêts, qui s’ajoute au fardeau de la dette publique.

En outre, le plaidoyer qui porte sur une meilleure conception des mécanismes de financement qui incluent des solutions à plus long terme, comme l’accès à des financements sous forme de dons ou de subventions pour alléger cette pression budgétaire, Alexandre estime « que la transition énergétique doit être une opportunité de transformation, et non une source de contraintes financières supplémentaires pour des pays déjà fragilisés par les crises multiples.»

Quid des politiques pour un système énergétique durable et équitable

Le directeur de Teranga Lab pense que le JETP (Partenariat pour la Transition Énergétique Juste) est une initiative prometteuse. Ce mécanisme financier innovant et adaptable en fonction du contexte de chaque pays vise à leur accompagnement pour leur transition énergétique en tenant compte des enjeux de justice sociale.

En revanche, pour qu’elle réponde vraiment aux attentes : « il faut que les financements proposés ne soient exclusivement basés que sur des prêts », déclare Alexandre Lette.
Il poursuit que « la transition énergétique doit être soutenue par des ressources financières qui ne créent pas de nouvelles contraintes pour les pays bénéficiaires.»

En outre, ces initiatives doivent être adaptées aux réalités locales et être accompagnées d’un véritable transfert de technologies et de compétences pour que les populations puissent pleinement tirer profit des énergies renouvelables.

La nécessaire implication des populations locales

L’adoption d’une approche participative s’avère essentiel quant à l’implication des populations locales. Toutefois, elle doit se faire à plusieurs niveaux, insiste le dirigeant de Teranga Lab.

Premièrement, les autorités locales, les chefs coutumiers, les associations communautaires et les citoyens doivent être directement consultés et intégrés dans les processus de décision. Et cela peut se faire à travers des forums locaux, des consultations publiques et des mécanismes de transparence.

Une seconde approche est l’inclusion des populations locales qui permet non seulement de répondre à leurs besoins spécifiques, mais aussi de s’assurer que les solutions proposées sont adaptées au contexte local.

Sur ce point, la transition énergétique ne peut réussir que si elle est portée par les communautés qui sont en première ligne des impacts climatiques fait savoir Alexandre Lette.

Quelles responsabilités pour les dirigeants

Les financements qui seront en plein cœur des échanges en novembre prochain, lors de la conférence sur le climat, Cop 29. Le directeur exécutif de Teranga Lab lance un appel aux dirigeants africains de plaider pour une justice climatique où les pays les plus pollueurs assument une plus grande part de responsabilité, notamment en soutenant financièrement et directement les efforts des pays africains dans leur transition énergétique.

« Cette approche permettrait de mieux répartir les responsabilités et les coûts à l’échelle mondiale, tout en offrant aux pays africains les moyens de réussir leur transition sans sacrifier leur développement économique », conclut- il. .

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