Sénégal : PDS-APR, une alliance de la discorde et des calculs

Le compte à rebours est lancé. L’heure est aux alliances et aux tractations en vue des prochaines joutes électorales du 17 novembre au Sénégal.

Les partis politiques qui, jusque-là, n’accordaient pas le même violon ont décidé de joindre leurs forces pour défier, à l’Assemblée nationale, le pouvoir politique incarné par le président Bassirou Diomaye Faye et par son Premier ministre Ousmane Sonko.

Ainsi, l’alliance des libéraux regroupant le Parti démocratique sénégalais (PDS) et l’Alliance pour la République (APR) ont acté, cette semaine, leur volonté de mettre en place une grande coalition, ouverte à toutes les formations politiques de l’opposition.

Un regroupement de partis qui fait, toutefois, l’objet de controverses dans un contexte marqué par le changement brusque intervenu au Sénégal et qui y a contribué à diviser les militants et membres de diverses formations politiques, notamment du PDS.

Doudou Wade, cadre du PDS et voix discordante du parti, marque déjà son désaccord avec la nouvelle coalition. Il dit ne pas être concerné par les conclusions de cet accord.

« Vous aurez de nos nouvelles d’ici peu », a déclaré le neveu de l’ancien président du Sénégal.
Pour sa part, Amadou Ba, ancien parlementaire et membre de la mouvance présidentielle, estime qu’il ne faut accorder aucune importance à cette nouvelle alliance.

Joint au téléphone par la rédaction lesnouvellesdafrique.info, M. Ba déclare que chacun est libre de se « coaliser » avec qui il veut.

Pour l’analyste politique Bacary Domingo Mané, l’alliance politique entre le PDS et l’APR ne peut-être que circonstancielle.

Autres articles

« Tout le monde savait que leurs rapports n’étaient pas sains durant les 12 ans de gouvernance de Macky Sall même si c’était le souhait de Maître Wade de se retrouver. Et ce sont les Libéraux qui ont affronté Amadou Ba quand Karim Wade avait présenté sa candidature. Malgré cela, ils se sont retrouvés à moins de 2 mois des élections législatives. « Je peux dire que c’est une alliance de circonstance », explique l’expert politique.

Il ajoute que « si les législatives devaient se dérouler quatre ou cinq mois à l’avance, la coalition n’aurait jamais lieu ». Mais compte tenu de la proximité de la date choisie par le président Faye, juste pour avoir des représentants au niveau de l’Assemblée nationale, les partis politiques vont s’unir sans réfléchir. Et ce qu’il faut dire, c’est que ce sont deux partis représentatifs. Le PDS a perdu beaucoup de ses membres et du terrain dernièrement ; l’APR également n’est plus ce qu’elle était. Donc, les deux ensembles constituent une petite force sur laquelle on peut compter pour être bien représenté à l’hémicycle. »

Quid de ce changement brusque de la part du PDS ?

Pour M. Mané, c’est du côté du président Diomaye Faye que la volonté d’aller avec le PDS ne s’affiche pas, et cela peut se comprendre.

« L’expérience de la dernière législature dissoute le mois passé peut en être la preuve ». Walu et Yewwi formaient une coalition. Et grâce à ce tandem, le PDS s’était retrouvé avec un nombre important de parlementaires. Ce qui s’est passé par la suite avec les événements de Macky Sall et Ousmane Sonko, on a constaté que certains parlementaires se sont désolidarisés et Le Pastef a tiré des leçons au regard du comportement de certains membres du PDS qui se sont rangés du côté de l’APR. Cela a refroidi Le Pastef qui a choisi de faire cavalier seul pour les élections législatives prochaines. »

Pire, selon M. Mané, « la dernière sortie du Premier ministre Ousmane Sonko et de ses camarades a également refroidi certains membres du PDS ». Et pour des calculs politiciens, ils ont formé cette alliance. Mais ils ne sont pas deux entités qui s’entendent. »

« Nous sommes dans ce qu’on appelle le réal politique. » Cette alliance n’envisage pas les retrouvailles de la Grande famille libérale. C’est une alliance de circonstances. Après les élections, ils vont encore se séparer. Même au niveau de l’hémicycle, ils risquent de se fissurer. Ils n’ont pas les mêmes ambitions et la même vision des choses. C’est ce qu’il faut mettre sur la table et dire que le PDS a fait un mauvais choix. S’allier avec son bourreau qui l’avait empêché d’être candidat à la présidentielle est un calcul politique « très froid pour avoir de la représentativité à l’Assemblée nationale », insiste l’analyste politique Bacary Domingo Mané.

À quelques deux mois du scrutin législatif pour renouveler le Parlement national, le landernau politique sénégalais est déjà mis à l’épreuve par des jeux d’alliance et de coalitions de partis politiques.

Get real time updates directly on you device, subscribe now.