Le continent africain fait face à des changements climatiques de plus en plus destructeurs. Les températures augmentent à un rythme alarmant, provoquant des sécheresses, des pluies torrentielles et d’autres phénomènes extrêmes.
Selon un rapport de l’ONU, les pays africains perdent chaque année entre 2 à 5 % de leur PIB à cause de ces dérèglements. Dans une interview accordée à notre site lesnouvellesdafrique.info, Serge Éric Menyé, consultant et fondateur du cabinet Grassfield Ventures, revient sur ces défis et dénonce le manque d’action des dirigeants africains qui, selon lui, utilisent le climat comme un prétexte pour dissimuler leurs échecs.
L’état du climat en Afrique
Menyé observe que les événements climatiques extrêmes, tels que les sécheresses prolongées et les inondations massives, deviennent de plus en plus courants. Dans certains pays comme le Maroc et l’Algérie, les températures atteignent des sommets, provoquant des feux de forêt dévastateurs et une pénurie d’eau. En Afrique de l’Est, les sécheresses peuvent durer jusqu’à deux ans, rendant la vie encore plus difficile pour les populations locales.
Le cynisme climatique : un argument politique
Dans son ouvrage L’Afrique face aux cynismes climatiques, Menyé critique la manière dont les dirigeants africains et occidentaux traitent le problème climatique. Il dénonce une hypocrisie où les pays riches, principaux responsables des émissions de CO2, demandent aux pays africains de limiter leur exploitation des ressources fossiles, tout en continuant à s’enrichir grâce à ces mêmes ressources. En parallèle, les dirigeants africains se servent des discours climatiques pour réclamer des fonds internationaux qui sont souvent détournés. Ces discours leur permettent également de justifier le manque de développement et d’infrastructures dans leurs pays. Pour Menyé, cette absence de routes, de digues et de systèmes d’alerte rend l’Afrique plus vulnérable aux catastrophes climatiques.
Agriculture et énergies fossiles : un double enjeu pour l’Afrique
Sur le plan agricole, Menyé déplore l’absence de modernisation et de soutien aux agriculteurs africains, qui continuent d’utiliser des techniques obsolètes. Pourtant, il existe un potentiel immense pour améliorer la production agricole et lutter contre l’insécurité alimentaire en Afrique, si les bonnes pratiques étaient vulgarisées à grande échelle.
Quant aux énergies fossiles, Menyé reste pragmatique. Selon lui, bien que leur exploitation ait alimenté la corruption et les conflits sur le continent, elles restent indispensables pour le développement économique. Il estime donc que l’Afrique doit utiliser ses ressources énergétiques pour bâtir des infrastructures solides et diversifier ses économies.
Le réchauffement climatique : un défi mondial
En réponse aux données récentes de l’ONU, qui placent 2023 parmi les années les plus chaudes jamais enregistrées en Afrique, Menyé appelle à une prudence dans l’analyse. Il souligne que le manque de données historiques précises en Afrique rend parfois difficile l’évaluation exacte de l’impact climatique à long terme sur le continent.
Des solutions pour un développement résilient
Menyé prône le renforcement des institutions et des mécanismes de gouvernance pour mieux gérer les effets du changement climatique. Pour lui, l’éducation et l’agriculture doivent être des priorités. Le continent possède déjà les ressources nécessaires, mais il manque de leaders visionnaires capables de les exploiter.
En conclusion, Serge Éric Menyé met en lumière les enjeux climatiques et politiques auxquels l’Afrique fait face. Il appelle à des actions concrètes et non à des discours creux pour permettre au continent de s’adapter aux défis climatiques et de se développer de manière durable.