Guinée : l‘analyse pertinente d’un sociologue sur le recensement administratif à vocation d’état civil

Le 30 août dernier, la Coordination Nationale du Programme National du Recensement Administratif à Vocation d’état civil (PN-RAVEC) a signé, à Conakry, une convention d’appui avec l’Office Guinéenne de Publicité (OGP) afin de donner plus de visibilité à ses actions sur le terrain.

À travers cette signature, l’OPG devra aider à la sensibilisation des citoyens pour une bonne collaboration avec les agents recenseurs qui seront déployés sur le terrain. Et déjà en 2023, le MATD (Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation) avait publié un communiqué pour le recrutement de plusieurs ONG et Associations pour la mise en œuvre d’une stratégie nationale de communication et de mobilisation sociale.
La mise en œuvre de telles actions devrait permettre la réussite du programme de recensement administratif des faits d’état civil (naissance, mariage, décès et adoption) par ménage et à l’enrôlement biométrique des citoyens sur l’ensemble du territoire national. Afin de doter chaque citoyen d’un système juridique numérique à vocation d’état civil.

Une initiative saluée par beaucoup de citoyens, même si, du côté de certains acteurs sociopolitiques on y voit plutôt une manœuvre dilatoire des autorités pour retarder la transition.
Alors pour mieux comprendre l’importance des actes civils qui sont en fait des droits pour le citoyen, lesnouvellesdafriques.info, à travers son reporter, a rencontré, mardi (03.08.2024), Monsieur Lamine Camara, sociologue et doyens de Faculté des Lettres et Sciences Humaines à l’Université Koffi Annan de Guinée.
Pour cet universitaire, le Programme National du Recensement Administratif à Vocation d’état civil (PN-RAVEC s’inscrit dans une dynamique de l’évolution naturelle de la fonction administrative.

« Les rapports sociaux évoluent et la gestion des problèmes sociaux doivent suivre la même évolution. Et cela veut dire que nos pratiques par rapport à la gestion de nos dossiers doivent changer », explique le sociologue. Poursuivant, il rappelle que « nous sommes un peuple qui a une tradition séculaire basée sur l’oralité, et cela s’explique par le fait que nous considérons peu, ce qui est écrit. » Donc pour ce sociologue, « il est important de formaliser tous nos actes par écrit », et il estime à juste titre, que « le processus d’identification des citoyens » tombe au bon moment.

Profitant d’ailleurs de notre question, il exhorte les autorités du pays à opter pour une approche pédagogique qui vise à sensibiliser les communautés. « Les pratiques de socialisation sont de nature à ne pas aller vers les documents écrits. Les gens ont du mal à déclarer les naissances, ce sont des pratiques ancestrales. Il faut aller doucement pour ne pas se heurter à la sensibilité de l’autorité parentale », conseille-t-il.

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La formation des agents recenseurs, cruciale pour la réussite du processus

Pour recenser les citoyens, des agents seront déployés à travers tout le pays. Ils auront pour principal rôle de procéder à l’indentification physique des personnes, qu’ils vont ensuite enregistrer sur une plate-forme numérique, installée à cet effet.
Mais pour réussir une telle mission, notre sociologue pense que les agents recenseurs doivent suivre une formation appropriée. « Ils doivent être formés afin qu’ils puissent expliquer aux citoyens l’importance de se faire enrôler. C’est-à-dire, ils doivent être en mesure de convaincre les citoyens sur le bien-fondé de cette décision », fait-il savoir.
Selon Lamine Camara, toute action gouvernementale a nécessairement besoin d’approche. Ceci dit, il estime que « la bonne approche, c’est de faire des réflexions afin de définir les voies et moyens devant faciliter l’adhésion des citoyens à travers une approche participative. »

« En matière de développement de projet, si ceux auxquels le projet est destiné n’adhèrent pas, il est voué à l’échec », prévient-il.

Et pour éviter qu’une telle situation arrive, il invite les autorités d’utiliser une « approche politique. » Quant aux agents recenseurs, il leur déconseille de se « présenter » sur le terrain « comme un policier, ou un enquêteur, pour éviter que les gens ne se soustraient du processus. » En tout cas pour lui, la réussite de ce programme de recensement « dépend de la pédagogie » qui sera « utilisée » sur le terrain.

Fodé Touré.

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