Guinée : la rentrée des classes diversement appréciée par les parents d’élèves

L’ouverture des classes, session 2024-2025, est programmée pour le 25 septembre prochain sur l’ensemble du territoire national. L’annonce a été officiellement faite par les autorités guinéennes, dimanche, par le Ministre l’Enseignement Pré-universitaire et de l’Alphabétisation, Jean Claude Cédy. Contrairement aux années précédentes la nouvelle date choisie suscite beaucoup de réactions.

Alors que les citoyens s’étaient accommodés à la date du 3 octobre habituellement consacrée pour l’ouverture des classes, cette fois-ci, les autorités éducatives ont choisi la date du 25 septembre pour démarrer les cours. Cette décision qui prend à court tout le monde est diversement appréciée par les parents d’élèves et certains élèves. Car si certains accusent la conjoncture économique, d’autres par contre, ne voient pas d’inconvénients.

Pour rassurer les uns et les autres, le Ministre confie que « toutes les dispositions sont prises pour assurer une bonne ouverture des classes. » Une déclaration qui a du mal à passer chez certains citoyens qui estiment que la période choisie n’est pas propice. Notamment à cause des difficultés financières et de la saison pluvieuse.

Au marché des papèteries, l’heure n’est pas à l’engouement, pour l’instant. Boutiquiers et magasiniers voire étalagistes, attendent les premiers clients.

Rencontrée sur le terrain, cette mère de famille se dit surprise de la décision du ministre de programmer l’ouverture au mois de septembre. Pour Makalé Sylla, le mois d’octobre était encore mieux.

« Nous avons été surpris par cette nouvelle concernant l’ouverture des classes prévue pour le 25 septembre. À l’heure-là, tous les parents pleurent. Parce que, nous avons l’habitude de faire des achats à la mi-septembre, parfois c’est vers la fin du mois qu’on arrive à s’en sortir », confie-t-elle abasourdie.

Avant de poursuivre : « je ne pense pas que je serais en mesure de payer toutes les fournitures scolaires d’ici l’ouverture. Au moins, si c’était au mois d’octobre, cela allait jouer en notre faveur.

Imaginez qu’on parvient à acheter les fournitures scolaires, les écoles privées aussi vont nous exiger de payer trois mois. Or, à peine si nous gagnons à manger. J’ai acheté le paquet de cahier calligraphe 200 pages à 80.00 GNF. »

C’est le même refrain chez Hawa Keita. Vendeuse de sacs, elle se plaint d’ores et déjà de la rareté de la clientèle. Or, elle compte sur cette vente pour acheter les fournitures scolaires des enfants. Elle vend des sacs scolaires dont les prix varient entre « 100.000, 150.000, 180.000 GNF et plus » Mais jusqu’au moment où elle se confiait à notre reporter, elle n’avait encore reçu aucun « client ».

« Nous, nous vivons de ce commerce. C’est quand on vend, on paye les kits scolaires de nos enfants. Mais les temps sont durs, et nos enfants fréquentent les écoles privées. Il faut donc qu’on trouve de l’argent », se lamente-t-elle.

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Mais si Makalé et Hwa sont plaintives, tel n’est pas le cas chez Makan Cissé. Cette mère de sept (7) enfants dit n’avoir pas « d’objection » à propos de la date fixée. Elle dit être déjà « initiée » à payer les « fournitures » de ses enfants avant l’ouverture des classes. Toutefois, elle dit comprendre les difficultés que traversent certaines « familles qui ont du mal » à faire face aux « charges ».

Selon elle, cela est dû au fait que « C’est la fin du mois, il y a d’autres qui n’arrivent pas à payer. C’est le cas des enseignants qui prennent deux mois de salaires à l’avance. Et c’est le 25 de ce mois qu’ils doivent percevoir leur dû. Mais on ne les paye pas à temps ».

Quand n’est-il des élèves ?

Généralement en Guinée, même si la date officielle de l’ouverture est fixée, cela ne suscite pas d’engouement chez les élèves qui semblent avoir leur propre agenda. C’est le cas d’un groupe d’élèves rencontrés au cours de notre reportage. Eux, ils disent ne pas être prêts à reprendre les cours à la date du 25 septembre. Pour cause ? Ils confient que leurs parents n’ont pas encore acheté les « kits scolaires ».

« Mes parents n’ont pas les moyens, ils n’ont pas encore payé les fournitures. Car nous sommes en saison pluvieuse et c’est ce qui les empêche d’ailleurs de travailler », confie Fodé Fernandez, élève de la 8ème année dans une école privée de la place.

Le Syndicat de l’éducation adhère à la décision du ministre

Selon le syndicat national de l’éducation, la Guinée doit emboîter le pas à certains pays de la sous-région tels que, la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, le Sénégal qui ouvrent les classes dans ce mois de septembre.

Interrogé, le Secrétaire Général du Syndicat National de l’Education, Michel Pépé Balamou explique que c’est à l’issue d’une concertation avec les autorités éducatives que la date a été choisie.

« Nous, nous y adhérons à la réouverture des classes. Cela permettra aux parents et aux élèves de se préparer. Vous savez que lorsqu’on fixe la date de la rentrée scolaire au 3 octobre, les salles sont souvent vides. Et il faut attendre deux semaines après, pour que la rentrée soit effective. Le constat est que l’État fixe une date, les parents fixent leur propre date et les élèves aussi choisissent une autre date.

En Guinée l’année scolaire comprend neuf (09) mois. On peut consacrer les mois de juin aux différents examens. », explique le syndicat.

Fodé Zakaria Touré

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