La Chine accueille avec faste lundi (02.09.24) des dirigeants de toute l’Afrique pour cinq jours de sommet destinés à approfondir les liens avec ce continent où les importants prêts de Pékin ont permis la construction d’innombrables infrastructures.
Des dizaines de dirigeants et délégations sont attendus pour ce sommet du Forum de la coopération Chine-Afrique prévu jusque vendredi et qui sera selon le géant asiatique le plus grand événement diplomatique organisé dans la capitale chinoise depuis la pandémie de Covid-19.
La Chine a envoyé ces deux dernières décennies des centaines de milliers d’ouvriers et d’ingénieurs en Afrique pour construire ces grands projets, et gagné un accès privilégié aux vastes ressources naturelles africaines, notamment le cuivre, l’or et le lithium.
Les prêts des banques publiques chinoises ont permis de financer de nombreuses infrastructures destinées à doper la croissance africaine (voies ferrées, ports, routes…) mais aussi soulevé des interrogations car ils ont également creusé l’endettement de certains pays.
La Chine, deuxième économie mondiale, est le premier partenaire commercial de l’Afrique. Le commerce bilatéral a atteint 167,8 milliards de dollars (151,8 milliards d’euros) au premier semestre 2024, selon les médias officiels chinois.
La sécurité a été renforcée à Pékin avant le sommet, avec notamment des routes temporairement barrées pour permettre le passage des délégations.
Des banderoles ont été accrochées dans la ville et proclament que la Chine et le continent africain « s’unissent pour un avenir meilleur ».
Le président sud-africain Cyril Ramaphosa est arrivé tôt lundi matin à Pékin pour une visite de quatre jours en Chine, au cours de laquelle il se rendra également dans la grande métropole de Shenzhen (sud), capitale technologique du géant asiatique.
Il a rencontré dans la journée le président chinois Xi Jinping, a indiqué l’agence de presse officielle Chine nouvelle.
Les deux pays doivent signer des accords sur « le renforcement de la coopération économique et la mise en oeuvre de la coopération technique », selon le cabinet de M. Ramaphosa.
Les échanges commerciaux entre la Chine et l’Afrique du Sud, importante puissance économique du continent, ont atteint 38,8 milliards de dollars (35,1 milliards d’euros) en 2023, selon la présidence sud-africaine.
Xi Jinping s’est également entretenu lundi avec Félix Tshisekedi, son homologue de la République démocratique du Congo (RDC), a indiqué Chine nouvelle.
La Chine est très présente en RDC, où elle souhaite exploiter les ressources naturelles, notamment le cuivre, l’or, le lithium et les terres rares.
Une coopération entravée parfois par l’insécurité. En juillet, au moins quatre Chinois ont ainsi été tués dans une attaque en Ituri, une province riche en or du nord-est du pays d’Afrique centrale, de sources locales congolaises.
Les dirigeants de Djibouti (où se trouve l’unique base militaire chinoise à l’étranger) ainsi que ceux de Guinée équatoriale, du Nigeria, du Mali et d’autres pays sont également arrivés à Pékin dimanche et lundi.
Les prêts accordés par la Chine aux pays africains l’an passé ont atteint leur niveau le plus élevé depuis cinq ans, selon une base de données réalisée par l’université de Boston. Les principaux pays emprunteurs étaient l’Angola, l’Ethiopie, l’Egypte, le Nigeria et le Kenya.
Mais le montant des prêts – 4,61 milliards de dollars (4,2 milliards d’euros) – est en net recul par rapport aux sommets atteints en 2016, où ils s’élevaient à près de 30 milliards de dollars (27 milliards d’euros).
Selon des analystes, le ralentissement économique actuel en Chine pousse Pékin à réduire ses investissements en Afrique.
Le sommet de cette semaine intervient sur fond de concurrence croissante entre les Etats-Unis et la Chine en Afrique, en matière d’influence politique et d’accès aux ressources naturelles.
Habitué à présenter le géant asiatique comme son principal rival, Washington met régulièrement en garde contre ce qu’il présente comme l’influence néfaste de Pékin sur le continent.
En 2022, la Maison blanche avait ainsi estimé que la Chine cherchait à « promouvoir ses propres intérêts commerciaux et géopolitiques étroits (et) à saper la transparence et l’ouverture ».