C’est à travers une lettre poignante distillée dans les médias que Rokia Traoré a lancé un cri du coeur.
Arrêtée en Italie depuis le 21 juin alors qu’elle devait se produire pour un concert, l’affaire l’opposant à son ex conjoint et père de sa fille est loin de connaître son épilogue.
En effet, l’arrestation de Rokia repose sur un mandat d’arrêt européen lancé par la Belgique. Une condamnation injustifiée de deux ans pour un prétendu enlèvement de sa propre fille basé sur des allégations mensongères du père.
Sur l’interface du document qui a fait le tour de la toile, l’on y lit une phrase de la chanteuse » je n’ai pas enlevé ma fille! », sa photo postée à gauche du message.
Une affaire qui poursuit l’auteure-compositrice malienne depuis bientôt cinq années. Cinq années d’injustice légale des tribunaux européens selon le mouvement # Free Rokia Traoré. Il s’agit d’un comité composé de membres de sa famille, de coalition d’amis et de défenseurs des droits des femmes déterminés à obtenir justice pour la chanteuse. Un soutien urgent d’ailleurs qui doit attirer l’attention mondiale sur la situation de Rokia Traoré. Laquelle n’a que trop perdurer selon ses membres.
L’affaire remonte à 2019 lorsque l’artiste est arrêtée à Paris, la justice belge lui ayant ordonné de se rendre en Belgique. Ensuite en mars 2020 lors d’une escale à Paris. Elle avait entamé alors une grève de la faim. Rokia est libérée et mise sous contrôle judiciaire. Seulement elle est condamnée en octobre 2023 à deux ans de prison par la justice belge.
Arrêtée à l’aéroport de Rome en juin dernier, c’est du fond de sa cellule que Rokia déclare sans équivoque n’avoir jamais eu à enlever sa fille. « Je n’ai jamais commis d’acte d’enlèvement, ni en Belgique, ni ailleurs. En tant que mère, j’ai le devoir de protéger mes enfants des conséquences négatives d’expériences de vie ».
Le père de sa fille l’accuse d’avoir empêché à sa fille de venir en Belgique pour des vacances. Sur ce point, la chanteuse s’offusque d’un énième mensonge du père jamais vérifié par le juge belge en droit de la famille.
Elle avance par ailleurs qu’un tel acte s’il avait été commis, n’aurait pour autant donné aucun droit à la justice belge de mener une telle procédure judiciaire en dehors des limites de sa compétence juridictionnelle.
En tout état de cause, le mouvement #free Rokia Traoré lance un appel à l’action. Il exhorte les tribunaux belges au respect des lois internationales et des droits de l’homme en se concentrant sur leur juridiction et de se retirer de cette affaire.
Souvent, les lois européennes s’appliquent en parfaite ignorance de l’autre partie lorsque celle-ci est africaine, de surcroît lorsque la partie est une femme.
Un membre du collectif « les mères veilleuses », un réseau d’entraide et de solidarité entre mères monoparentales s’exprimant à notre micro s’est insurgée de l’utilisation des médias par le papa de la fille pour diffuser des mensonges sur Rokia profitant de son influence. D’après elle, les deux arrestations de Rokia sont basés sur des mensonges.
« La raison pour laquelle on se permet de le dire c’est parce que les preuves sont là dans la mesure où l’enfant n’a pas vécu en Belgique. Du moins la fille a quitté le territoire belge depuis ses 4 mois. Aujourd’hui elle a 9 ans et vit au Mali. »
Joint au téléphone, son avocate affirme que des possibilités voient le jour concernant la libération de sa cliente. En effet, la défense a soulevé des exceptions très importantes à savoir lors du jugement en Belgique, Rokia n’était pas assistée par un avocat donc ne disposait pas de toutes les garanties.
Bataille juridique
Une première bataille gagnée pour Maddalena Claudia Del Re reste alors la décision de la cour d’appel de Rome d’avoir accepté sa demande pour un renvoi préjudiciel devant la cour de justice de l’Union européenne. L’avocate estimant que sa cliente est victime d’une violation des droits garantis par la Convention européenne. Ce qui pourrait permettre de s’opposer à une extradition de Rokia vers la Belgique.
L’objectif principal selon Maddalena est de se battre afin qu’elle soit libre même si sa cliente reste à la prison de Civitavecchia jusqu’à la nouvelle audience prévue le 26 septembre. Toutefois, il est possible de la placer en résidence surveillée si on trouve une personne qui accepterait de l’héberger d’ici là.
Arrestation injuste
Pour ce membre du comité, il est temps que cette affaire connaisse son épilogue. Rokia Traoré ne peut pas continuer à vivre ainsi. Même si elle sort de prison, elle se retrouve prisonnière au Mali, ne peut faire sortir sa fille du pays. Elle ne peut plus voyager, exercer son métier d’artiste. Ce n’est plus une vie estime t’elle.
En attendant, le comité a mis en place une plateforme de soutien pour l’artiste malienne: c’est la diffusion de la lettre de Rokia Traoré, un appel aux médias , une pétition en soutien à sa cause et une contribution aux frais juridiques pour sa liberté.
L’affaire concerne une mère de famille injustement détenue à cause d’un litige qui l’oppose depuis 2019 a son ex conjoint et père de sa fille le dramaturge belge Jan Goossens.