Quand tricher devient gage de réussite au Sénégal

« Apprendre pour connaître, tricher pour passer ». De nos jours beaucoup d’élèves au Sénégal sont gagnés par la paresse et le manque de confiance en eux, pourtant ils sont amenés à fournir des efforts pour réussir.
Ainsi ces étudiants et élèves s’adonnent à des pratiques peu recommandables comme la tricherie.
Cette année encore, les candidats au baccalauréat se sont illustrés dans la fraude. Ce, en dépit des mesures draconiennes prises par les autorités éducatives pour la sécurisation des examens.

Le Brevet de Fin d’Etudes Moyennes (BFEM) qui a démarré hier (22.07.2024) n’est pas en reste. En effet une fraude sur les épreuves des Sciences de la Vie et de la Terre a secoué le centre d’examen Mame Cheikh Anta Mbacké (Centre Ouest). C’est dire tout le travail qui reste encore à faire pour que de telles pratiques soient enfin jetées aux oubliettes.

Les tentatives de fraude notées lors du baccalauréat général qui vient de prendre fin, il y a seulement quelques jours montrent l’urgence de faire face à ces pratiques malsaines. Pourtant les autorités éducatives notamment le Ministère de l’éducation nationale a toujours été ferme sur la question allant jusqu’à l’interdiction de l’usage du téléphone mobile dans les centres d’examens.

Une directive que certains candidats ont eu l’outrecuidance de violer en venant avec leurs téléphones.

Au 1er jour du baccalauréat, 64 candidats ont été exclus et ajournés à Kaolack (centre) avec pour motif le port de téléphone mobile formellement interdit.
Autre fait marquant, l’arrestation de huit candidats par la gendarmerie de Dahra Djolof (Nord-Ouest),  soupçonnés d’avoir partagés des corrigées de l’examen via un groupe WhatsApp.

Pour Ahmadou Lamine Ndiaye, formateur au Lycée Limamoulaye de Guediawaye (dans le Nord à Dakar), les élèves n’ont plus confiance en eux et ne font plus foi à une certaine dignité, à une grandeur liée à des efforts personnels qu’ils fournissent. Malheureusement c’est ce qui les conduit à se réfugier derrière des stratégies qui les amènent à s’adonner à la fraude. S’y ajoute la peur de l’échec ne mesurant pas l’ampleur des dégâts causés par la tricherie.

Mme Ba est d’avis que la cause peut se trouver sur le fait qu’en général, ce sont des élèves qui ne sont pas suffisamment investis dans les études. L’enseignante estime que la tricherie constitue leur modus operandi car ce sont des potaches qui s’absentent durant toute l’année scolaire.

« Le défaut d’apprentissage fait que les élèves veulent coûte que coûte trouver le moyen de s’en sortir sachant qu’ils sont en classe d’examen ».

Les responsabilités sont partagées selon le professeur de français Ahmadou Ndiaye. D’après lui, ces faits commencent dans le nœud familial,au vu et au su des enfants qui les copient ensuite.
Les parents ont aussi leur part de responsabilité dans les mauvais comportements des enfants.

Aminata appelle à autonomiser les enfants très tôt et leur apprendre à travailler, les contraindre si nécessaire. En tant que parent d’élève, elle estime qu’un enfant s’encadre, se suit et ne doit pas être laissé à lui-même. Il faut lui inculquer des valeurs.

Selon elle, l’encadrement est en amont, les parents doivent jouer leur partition dans l’éducation des enfants.

Dans la foulée, le cas du jeune homme travesti pour passer l’épreuve d’anglais à la place de son amoureuse est encore vivace dans les esprits. En juillet 2021, à Diourbel, (région au Sénégal). L’affaire s’était ébruitée, l’image devenue virale à travers les réseaux ne sachant si on devait en rire ou en pleurer de tristesse. Le couple a été placé en garde à vue jugé pour fraude et complicité de fraude.

Couper l’accès à internet le temps des examens, comme ce fut le cas en Algérie, une solution aux cas de fraude ?

Ahmadou pense que ce serait un aveu d’échec, un privilège pour les élèves. Une manière pour eux de dire qu’ils ont remporté le pari.

L’enseignant plaide plutôt pour que des mesures impopulaires soient prises faisant en sorte que toute la chaîne (apprenants, surveillants et correcteurs) suive. Et surtout que les sanctions servent d’exemple pour dissuader de futurs candidats à la fraude qui porte un coup dur à l’intégrité du système éducatif sénégalais.

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