La volte-face du CNRD vis à vis de ses engagements de départ n’est plus une réalité cachée. Pourtant, le 5 septembre 2021, Mamadi Doumbouya avait promis qu‘il ne confisquerait pas le pouvoir. Mais près de trois ans après, c’est le contraire qui se constate dans les faits.
Au terme d’une enquête menée par notre rédaction, nous vous révélons comment le tombeur d’Alpha Condé compte bien se maintenir à la tête de la Guinée.
L’une des démarches envisagées est le rachat d’un certain nombre de partis politiques pour les transformer en une coalition. C’est cette coalition en perspective qui sera chargée de faire du général Doumbouya son candidat à la future élection présidentielle.
Les formations politiques les moins influentes et peu connues sont la principale catégorie visée. Certaines ont déjà été approchées et les négociations sont en cours sous l‘égide entre autres d‘Ousmane Gaoual Diallo, ministre des transports et porte-parole du gouvernement de la transition.
Contacté par lesnouvellesdafrique.info, le leader de l’un des partis politiques concernés déclare qu’ « il été contacté par Ousmane Gaoual Diallo ».
« Il a essayé de me soudoyer, mais je lui ai dit qu’il n’est pas question que j’accompagne une candidature du général à la présidentielle à venir dans notre pays » , insiste-t-il.
Ousmane Gaoual Diallo est le nom qui est le plus cité par la plupart des leaders politiques approchés discrètement pour entériner la perspective d’une candidature de Mamadi Doumbouya à la future élection présidentielle. Mais l’intéressé est bien conscient que le plan pour faire passer Doumbouya de chef de transition à président élu fera, sans doute, l’objet d’une vague de contestations
Pourquoi Ousmane Gaoual a été choisi pour ce job?
L‘actuel ministre porte parole du gouvernement est devenu un collaborateur de confiance du général Mamadi Doumbouya. Pour preuve, sa réconduction dans l‘équipe en charge de la gestion de la transition censée prendre fin en décembre 2024.
Le Premier Ministre Bah Oury a déjà prévenu que le seul scrutin possible en 2024 est le référendum constitutionnel même si les préalables de sa tenue, notamment le recensement de la population et la mise en place d’un organe national électoral, n’ont toujours pas été réunis.
La manière de faire de Mamadi Doumbouya semblent confirmer sa volonté de rester au pouvoir. Depuis deux ans, aucune manifestation de rue n’est autorisée. À cette mesure de restriction s’ajoutent l’emprisonnement de plusieurs anciens dignitaires du régime d’Alpha Condé, l’exil quasi forcé du principal opposant Cellou Dalein Diallo, la fermeture des médias privés et la récente arrestation des leaders Foniké Mengué et de Billo Bah, tous du Front National pour la défense de la Constitution.
Pire, les autorités judiciaires déclinent toute responsabilité dans l’interpellation de ces deux gros bonnets de la société civile guinéenne. Dans un récent communiqué elles ont indiqué n’avoir ni ordonné leur arrestation, ni les détenir. Ce qui sonne comme une confirmation de la première version qui circulait déjà, celle d’un enlèvement.