C’était une des promesses de campagne du président sénégalais Bassirou Diomaye Faye à savoir la lutte contre le coût élevé de la vie au Sénégal. Un premier pas est franchi ce lundi (24 06 2024) avec l’application de la mesure de la baisse pour certaines denrées de grande consommation qui doit être effective. Un tour dans les boutiques et marchés de certaines artères de la capitale renseigne au mieux sur cette effectivité. Reportage.
Il est 12h, une heure où d’habitude le marché des hlm Fass, un quartier au centre ville de Dakar (Sénégal) grouille de monde en général. Mais pour cette matinée, ce lieu de rencontre entre vendeurs de condiments et autres produits de base de consommation et où d’habitude s’échangent les achalandages de clients est plutôt calme.
La fête de la Tabaski est passée par là.
Il faut savoir qu’au lendemain de sa célébration, beaucoup de commerçants en profitent pour recharger les batteries et passer du temps avec leurs familles. Encore que beaucoup n’habitent pas la capitale.
Ibrahima, un commerçant qui vend un peu de tout : sucre, riz, huile avance avoir appliqué la mesure de la baisse comme exigée par les autorités. Même s’il rétorque que pour le riz non parfumé « brisé » il connaît une pénurie depuis quelques mois.
« Je vendais le « gros riz » non parfumé dont le prix s’élevait à 450f précisant être très prisé par les ménages.
« Moi j’applique dès aujourd’hui la baisse car je ne veux pas m’attirer des problèmes » dit il.
S’affairant autour des clients, Ibrahima dit faire de même pour le sucre et l’huile concernés par cette baisse.
La dame Ami qui faisait son marché au même moment avoue être soulagée un tout petit peu. Selon elle, les prix pouvaient être encore plus en deçà de ceux proposés mais « c’est mieux que rien ».
Non loin d’elle, un magasin où de coutume plusieurs fûts contentant du riz sont rangés, a baissé rideaux. A la demande de l’absence de son propriétaire, on nous signale qu’il n’est pas encore revenu de son village une semaine après la Tabaski.
En sortant du marché, une boulangerie qui se tient tout juste a côté attire notre attention.
A cette heure plus de pain. Il faut attendre 16h 30, le début pour les premières fournées de la soirée. Un des employés, Khadim, trouvé, en pleine discussion, précise que la boulangerie n’a jamais vendu la baguette à plus de 150f. Cela, depuis 2022 sous la présidence de Macky Sall.
« Nous n’avons jamais vendu à 175f du temps où beaucoup de boulangeries le faisaient à ce prix ». Donc point de changement sur les tarifs. Une constance.
Une jeune fille, habituée à se procurer du pain dans cette boulangerie confirme.
D’après elle, ce sont de longues files d’attente chaque matin ce qui prouve que l’accessibilité du prix en joue en grande partie.
Ailleurs à Sacré cœur III toujours à Dakar, c’est plutôt le contraire.
Le boutiquier du coin, avec un kiosque devant l’entrée n’a pas respecté la mesure ce matin. À notre question de savoir pourquoi, il explique que c’est demain qu’il compte le faire.
Concernant le refus d’obtempérer pour certains récalcitrants, le gouvernement sénégalais a mis en place un système de contrôle pour le respect de ces baisses par le biais d’un numéro vert et le déploiement de 1000 volontiers des forces de défense et de sécurité.
En effet, il est demandé à chaque citoyen de procéder à un appel téléphonique pour dénoncer le vendeur qui serait tenté pour une violation dans l’application. Sauf que pour cette fois, il faudrait que le contrôle soit en permanence au risque de ne pas se confronter à la même situation comme pour les autres fois d’après le président de l’Association de consommateurs (Ascosen), Momar Ndao au micro de Rfi. Ce dernier prône l’élargissement du contrôle aux autres forces de défense et de sécurité pour plus d’efficience.
Par contre, la mesure de la baisse du pain n’est pas du goût des meuniers du moins pour l’association des meuniers industriels du Sénégal.
Après la réunion du Conseil National de la consommation de vendredi dernier (21 06 2024) au cours de laquelle il a été décidé de réduire le prix de la farine boulangère de 19200f a 15200f soit une baisse de 4000f, elle a décidé un arrêt provisoire de la production ce lundi.
Évoquée dans un communiqué publié ce dimanche (23 06 2024), l’association déplore la hausse continue des coûts du blé et l’absence de clarté sur les modalités de compensation financière. Ce qui est une pression insoutenable sur leur viabilité économique. Elle appelle les autorités à une réponse dare-dare pour éviter une crise de la filière.
Dans la foulée, nos tentatives de joindre leur président pour plus d’éclaircissements sur la question sont restées vaines.