Au Burkina, l’enlèvement d’un journaliste par un commando suscite l’ire des acteurs des médias

Les Organisations Professionnelles des Médias (OPM) au Burkina Faso dénoncent l’enlèvement de leur confrère Atiana Serge Oulon à l’aube du lundi (24 06 2024) à 5h du matin précisément. Dans une déclaration faite le même jour, elles appellent à une « libération sans délai » du directeur de publication du journal « L’Evènement » qui, selon des témoins a été arrêté par un commando armé et en tenue civile se présentant comme des membres des services secrets burkinabè.

Kidnappé devant sa famille et amené dans un lieu jusqu’ici inconnu, deux autres se sont présentés sous la casquette de policiers de l’Agence Nationale de Renseignements (ANR) quelques minutes après pour réclamer à son épouse, de force les téléphones et l’ordinateur du journaliste.

Seulement cet enlèvement survient quatre jours après la suspension du journal l’Evènement par le Conseil Supérieur de la Communication avec une interdiction de parution pour une durée d’un mois.

Il survient aussi après de nombreux actes semblables à une entrave à des libertés d’expression et de presse. D’abord une mise en demeure d’un site en ligne Lefaso.net, ensuite une suspension d’une émission de la chaîne BF1 pour des propos d’un chroniqueur habituel jugés fausses.

Dans la foulée, il faut aussi noter l’incident du tir de roquette dans l’enceinte de la chaîne RTB télé le (12 06 2024) ayant occasionné des dégâts matériels et menacé la sécurité des employés de ce média public sensé être le lieu par excellence de la liberté.

A cela s’ajoute des groupuscules se réclamant de la veillée citoyenne pour une manifestation ce mardi (25 06 2024) devant la télévision BF1 pour lui « intimer l’ordre de ne plus faire d’émissions dirigées contre le pouvoir, les FDS et VDP engagés pour la reconquête du territoire national.

Ce que l’OPM condamne avec la plus grande énergie et appellent instamment les autorités politiques, administratives, judiciaires et sécuritaires à faire « cesser ces pratiques de nature à porter préjudice au droit du public à l’information ».

L’enlèvement de Serge Oulon vient également dans un moment de flottement dans le pays la semaine dernière. Le capitaine Ibrahim Traoré est resté muet après l’attaque de Mansila il y’a 15 jours et au cours de laquelle l’armée avait subi de lourdes pertes.

Atiana Serge Oulon est connu au Burkina Faso pour être l’un des derniers journalistes osant traiter des questions militaires, un sujet très sensible, notamment depuis l’instauration d’une junte il y a deux ans.

L’organisation Reporters Sans Frontières a vigoureusement déploré le silence assourdissant des autorités et appelé à la remise en liberté d’un journaliste reconnu pour son professionnalisme et son intégrité.

Selon RSF, plus de 24h après l’enlèvement d’une figure du journalisme au Burkina Faso, les autorités n’ont toujours pas réagi.

Les appels et messages envoyés par RSF au ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement de transition, Jean Emmanuel Ouédraogo, pour obtenir des éclaircissements sur cette situation, sont restés sans réponse.

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