Le retrait des troupes américaines des bases d’Agadez, de Ouallam et de Diffa au Niger marque un tournant significatif dans la présence militaire des États-Unis en Afrique de l’Ouest. Initié le 19 mai dernier, cet accord de retrait, signé entre les deux nations, a entraîné le départ de 1 100 soldats vers la base d’escadrille de l’aéroport international de Niamey, avant leur rapatriement aux États-Unis.
Le Général Kenneth P. Ekman, responsable des troupes américaines au Niger, a annoncé que plus de 269 soldats et plusieurs tonnes de matériel avaient déjà quitté le pays. Le vol du 7 juin d’un C-17 Globemaster III de l’Armée de l’Air Américaine depuis la Base Aérienne 101 de Niamey a marqué le début de cette série de rapatriements. Cette décision fait suite aux exigences du gouvernement nigérien, qui a demandé à Washington de retirer ses forces déployées dans le cadre de la lutte anti-djihadiste.
Les États-Unis possédaient une base de drones importante près d’Agadez, construite pour un coût de 100 millions de dollars. Cette base a joué un rôle déterminant dans les opérations de surveillance et de lutte contre les groupes djihadistes dans la région. La fermeture de cette base représente un ajustement stratégique majeur pour les forces américaines et leurs opérations dans la région sahélienne.
Le Colonel-Major Mamane Sani Kiaou, président du Comité de désengagement USA Niger, a souligné les sacrifices consentis conjointement par les forces des deux pays dans la lutte contre le terrorisme. Les deux parties ont exprimé leur engagement à poursuivre la coopération dans des domaines d’intérêt commun, malgré le retrait des troupes américaines. Cette coopération a inclus des efforts pour renforcer les capacités des Forces Armées Nigériennes, un élément clé dans la lutte contre le terrorisme au Niger.
Ce retrait s’inscrit dans un contexte de dégradation des relations entre Niamey et Washington, exacerbée par des tensions diplomatiques. En mars dernier, une délégation américaine avait menacé les autorités nigériennes de sanctions si le Niger signait un accord pour vendre son uranium à l’Iran. Cette situation a contribué à la détérioration des relations bilatérales et a précipité le retrait des forces américaines.
Le départ des troupes américaines suit celui de l’armée française, signalant un changement notable dans la dynamique sécuritaire de la région. Les États-Unis, qui espéraient initialement maintenir une présence au Niger, se voient contraints de réévaluer leur stratégie en Afrique de l’Ouest. La coopération future, bien que promise, reste incertaine dans un environnement diplomatique et sécuritaire en constante évolution.
Le retrait des troupes américaines du Niger représente non seulement un changement stratégique pour les États-Unis mais aussi une reconfiguration de la présence militaire occidentale dans la région. Avec des enjeux sécuritaires élevés, notamment la lutte contre les groupes djihadistes, ce retrait soulève des questions sur l’avenir de la coopération militaire et de la stabilité régionale. Le gouvernement nigérien devra désormais compter davantage sur ses propres forces et renforcer ses partenariats régionaux pour maintenir la sécurité et lutter contre le terrorisme.