Au Sénégal, l’exploitation du pétrole est effective

C’est un pas important qui vient d’être franchi depuis la découverte de gisement d’hydrocarbures dans les eaux sénégalaises en 2014. La compagnie australienne Woodside Energy a annoncé ce mardi (11.06.24) le début de l’extraction de pétrole du champ de Sangomar au large des côtes sénégalaises.

« Woodside a procédé à la première extraction de pétrole du champ de Sangomar, menant à bien la livraison du premier projet pétrolier offshore du pays », a indiqué la compagnie dans un communiqué parcouru par l’Afp. Le Sénégal entre ainsi dans le cercle des pays producteurs d’hydrocarbures.

Cette première extraction de Sangomar précède l’entrée en production d’un autre projet, celui de Grand tortue/Ahmeyim (GTA), à la frontière avec la Mauritanie, développé par le Britannique BP avec l’américain Kosmos Energy, la Société mauritanienne des hydrocarbures (SMH) et Petrosen, et qui devrait produire environ 2,5 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié par an. La production pourrait y débuter au troisième trimestre.

Avec la Société des pétroles du Sénégal (Petrosen), l’australien Woodside opère le champ Sangomar en eaux profondes, à environ 100 km au sud de Dakar. Le gisement qui contient du pétrole et du gaz vise une production de 100.000 barils par jour.

La production de pétrole et de gaz au Sénégal sera destinée à l’exportation et à la consommation domestique. Elle sera loin d’atteindre les niveaux des géants mondiaux et africains comme le Nigeria. Mais des revenus en milliards de dollars en sont attendus, ainsi qu’une transformation accélérée de l’économie.

Les plans de conversion du gaz en électricité (ou « gas-to-power ») du gouvernement sénégalais pourraient fournir au pays une énergie moins chère, plus propre et plus accessible. Mais ils comportent également des risques que le pays ne se retrouve piégé dans le gaz, ce qui pourrait compromettre la viabilité budgétaire (par des contrats « take-or-pay ») et empêcher le pays de tirer pleinement parti des énergies renouvelables alors qu’elles deviennent de plus en plus attrayantes.

« Le début de l’extraction du champ de Sangomar marque le commencement d’une nouvelle ère, non seulement pour l’industrie et l’économie de notre pays, mais surtout pour notre peuple » a dit le directeur général de Petrosen Exploration et Production, Thierno Ly, dans le communiqué de Woodside.

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La patronne de la compagnie australienne, Meg O’Neill, parle quant à elle de « jour historique pour le Sénégal et pour Woodside ».

La découverte de vastes gisements de pétrole et de gaz dans l’Atlantique depuis 2014 a soulevé des espoirs considérables dans ce pays pauvre sur la voie du développement. Les revenus attendus du gaz et du pétrole sont chiffrés par Petrosen à une moyenne annuelle de plus d’un milliard d’euros sur une période de trente ans.

Cette découverte a aussi suscité la crainte que le pays ne connaisse comme d’autres la « malédiction » du pétrole, avec une manne alimentant la corruption sans profiter à la population.

La mise en place d’un cadre de gouvernance approprié pour éviter que les revenus ne soient perdus à cause de l’évasion ou de la fraude fiscale et d’une mauvaise gestion pose un certain nombre de défis. Ces défis sont particulièrement complexes, car les pays sont confrontés à la crainte de perdre des investissements et se demandent s’il faut utiliser leur richesse en ressources pour financer les dépenses temporaires nécessaires à la stabilisation de l’économie.

Les autorités sénégalaises (en particulier la Présidence de la République, le ministère du Pétrole et des Énergies, le ministère des Finances et du Budget et l’Assemblée nationale) peuvent utiliser les années qui précèdent la production pour mettre en place un contrôle rigoureux des dépenses et de l’investissement provenant des ressources (par exemple, par le biais du fonds souverain) et s’engager à respecter une règle budgétaire qui fixerait la part des revenus pétroliers et gaziers à dépenser et à investir.

Le Sénégal revendique avec force l’exploitation de ses ressources en gaz et en pétrole face aux efforts d’une partie de la communauté internationale pour réduire la dépendance aux énergies fossiles.

A.K. Coulibaly

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