Reporters sans frontières (RSF) s’est dans son nouveau rapport intéressé au Sénégal. En trois ans, ce pays qui a régressé de la 49e à la 94eme place au classement mondial de la liberté de la presse mérite de redorer son blason.
L’organisation qui a proposé des perspectives concrètes pour la protection des journalistes, la lutte contre la désinformation à travers trente (30) recommandations, invite les nouvelles autorités à apporter un regard autre que celui d’un visage marqué par ces multiples arrestations, agressions ou autres détentions auxquelles les soldats de l’information ont eu à faire face entre 2021 et 2024.
Un tableau sombre est peint dans le rapport établi par RSF ce jeudi (06 06 2024) pour le journalisme sénégalais.
Plus de 60 journalistes ont subi des interpellations, intimidations, détentions et ou agressions souvent dans des manifestations dues à des ingérences politiques.
Cinq informations clés du rapport indiquent que 30 journalistes sont victimes de violences policières. Au moins 15 arrestations et interpellations de journalistes, des suspensions d’Internet, de réseaux sociaux et du média privé Walf TV, des journalistes cyberharcelés en toute impunité ont eu lieu et enfin des ingérences politiques et de la désinformation.
Le rapport intitulé « le journalisme sénégalais à la croisée des chemins » remis au ministre de la Communication, des Télécommunications et du Numérique lundi dernier présente trois années particulièrement difficiles pour les médias.
La tutelle sous la direction du Ministre Alioune Sall affirme » être à l’écoute pour mener les chantiers nécessaires ».
Dans la foulée, RSF est d’avis que le Sénégal doit repartir de l’avant en matière de liberté de la presse. Son directeur du bureau Afrique subsaharienne invite » les nouvelles autorités à supprimer les peines d’emprisonnement pour les infractions de presse et de protéger le travail des journalistes comme promis par le Président Bassirou Diomaye Faye ». Une opportunité pour mener des réformes de fond afin de garantir le droit à l’information au Sénégal, selon Sadibou Marong.
Trente recommandations ont été retenues à l’issue dont la suppression des peines privatives de liberté pour les infractions de presse comme prévu danss le code de la presse voté en 2017.
L’organisation insiste sur la protection des lanceurs d’alerte qui constituent des sources journalistiques pour les soldats de l’information notamment les journalistes d’investigation.
D’ou la nécessité d’une loi pour leur protection pour une certaine confidentialité.
Aussi la mise en place de règles plus précises quant à la transparence des médias et de leurs financements ont été sollicités. C’est à dire une obligation de déclarer la répartition du capital de l’entreprise et ses liens avec les ou le propriétaire.
Le soutien des médias de proximité comme les radios communautaires ont également retenu l’attention. Celles ci étant un des maillons essentiels de la chaîne de l’information au Sénégal car apportant au delà de la transmission de l’information une contribution à la cohésion sociale avec l’utilisation des langues locales entre les communautés.
Enfin RSF préconise la promotion d’un journalisme fiable et indépendant, un bon outil de lutte contre la désinformation.
En ce sens, elle invite les médias à prôner le Journalisme Trust Initiative (JTI) que l’organisation a elle-même initié pour la production d’informations fiables.
Ce qui fait que les déductions fiscales pourraient leur êtres accordées dans la démarche de certification mais aussi aux acteurs du marché investissant dans ces médias certifiés. Il faut comprendre par là, les annonceurs publicitaires, le sponsoring etc.
A ce jour, sur une cinquantaine de médias lancés dans le processus de certification, deux sont certifiés à savoir PressAfrik et Financial Afrik indique le rapport.