Tentative de coup d’Etat en RDC: „la révolte de la population“, selon le chercheur congolais Patrick Mboyo

La RDC a été le théâtre, ce dimanche (19.05.24), d’une tentative d’un coup de force militaire « mal préparé », selon Patrick Mboyo Bakambo, docteur en droit public et chercheur associé à l’Université Paris-Saclay en France.

Joint par la rédaction Lesnouvellesdafrique.info, celui-ci déclare que « ce n’est ni une tentative de déstabilisation des institutions ni une tentative de coup d’État ».

M.Mboyo ajoute que c’est plutôt « une opération de personnes qui voulaient manifester leur mécontentement avec le régime en place en usant des moyens militaires pas à la hauteur des ambitions qu’on peut reconnaître à une tentative de coup d’État », insistant sans équivoque que la prétendue tentative du coup d’État était mal organisée, même si elle peut être associée à une opération militaire.

La République démocratique du Congo vit une situation de transition qui ne dit pas son nom qui plonge le pays dans une « léthargie consentante », dénonce le chercheur congolais Patrick Mboyo.
« Depuis la réélection de Félix Tshisekedi, il peine à nommer son gouvernement. L’élection des députés a eu lieu au mois de décembre, le bureau définitif de l’Assemblée nationale n’est pas encore rétabli. »

À cela s’ajoute l’élection des sénateurs qui est à peine organisée et le bureau qui n’est toujours pas encore viable. On ne connaît pas la vision politique de Tshisekedi et de son gouvernement. C’est un flou total que la population n’arrive pas à comprendre.

Les conditions de vie sont tellement précaires. Une médiocrité qui ne dit pas son nom. La population se bat toujours pour s’en sortir. Une classe politique inerte, une population qui est vouée à elle-même. Tout ceci crée ce sentiment de révolte, regrette-t-il.

Christian Malanga, un nom murmuré en RDC

Cet Américain d’origine congolaise a toujours été présenté comme un pourfendeur du régime du Président Tshisekedi, nous explique Patrick Mboyo. Christian Malanga a toujours dénoncé la politique « qui gangrène la vie sociale et politique en RDC », selon ses propres propos relayés par les médias et les réseaux sociaux.

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Il prône des méthodes militaires. Il a plusieurs fois sur Internet annoncé des coups d’État spectaculaires à venir sur le plan militaire. Il a toujours eu des velléités militaires qu’il ne cachait pas.

Je dirais qu’il s’agit d’un groupe d’Américains d’origine congolaise qui ont eu à émigrer et qui ont voulu le suivre dans cette affaire. Je trouve que cette tentative de coup d’État est assez irresponsable. La façon dont il a procédé était sans lendemain, martèle le chercheur Partick Mboyo qui dit que cette action rentre dans le cycle des tentatives de coup d’État que la RDC a connues dans le passé.

On se souvient du coup de force « avec les partisans de Paul Moukongoubila qui s’étaient lancés à l’assaut de la radio télévision nationale congolaise avec des flèches qui se sont fait massacrés par les forces de Joseph Kabila », se rappelle M. Mboyo.

« On peut aussi le mettre dans le même registre que la révolte de Bundu Dia Kongo qui a valu à Paul Hubert de perdre la vie parce qu’il a enquêté sur la répression sanglante de cette révolte politico-religieuse. »
Pour le chercheur congolais, « ce sont des cycles de violence qui ont été montés par la complicité des autorités en place qui voulaient se nourrir de cette psychose ».

Donc, cette tentative de coup d’État « est un pain béni et ça vient renforcer la logique martiale et autoritaire dans laquelle s’est inscrit Tshisekedi depuis le début de son second mandat », mettant fin au moratoire sur la peine de mort tout en cherchant par tous les moyens d’intimider les Congolais.

Ce qui n’est pas de bon augure pour le pays, s’offuque Patrick Mboyo.

« Actuellement, il y a un débat sur la révision de la constitution et tout ceci participe à une entreprise malsaine. » Cela risque de mal tourner pour la population congolaise, pense-t-il.

Il convient de souligner que cet événement intervient alors que des tiraillements politiques retardent la mise en place du gouvernement et l’élection du président du Parlement national dans un pays confronté dans sa partie Est à une rébellion (M23) soutenue par le Rwanda, selon plusieurs rapports d’experts de l’ONU.

Ndeye Mour Sembene

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