La présence des bases militaires occidentales en Afrique pose encore débat. Jeudi dernier (16 05 2024), à l’occasion d’une conférence conjointe avec le leader de la France insoumise, Jean Luc Mélenchon à Dakar (Sénégal) , le premier ministre sénégalais a évoqué la possibilité de fermer les bases militaires françaises dans les pays de l’Afrique de l’ouest.
Selon Ousmane Sonko, « plus de 60 ans après nos indépendances, il est temps de s’interroger sur les raisons de la présence de l’armée française et sur l’impact de cette présence sur notre souveraineté nationale et notre autonomie stratégique » dit-il.
En début 2024, le président français précisait l’intention nette de la France de réduire la présence militaire en Afrique pourtant. Cette dernière envisageait la mutualisation de ses bases en Afrique avec d’autres partenaires comme les États-Unis.
L’ex ministre Jean Marie Bockel nommé à ce titre était chargé de discuter avec les pays partenaires africains des nouvelles formes de la présence militaire française sur leur sol.
Déployées sur quatre bases en Afrique: au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Gabon, au Tchad, et Djibouti, la réduction des effectifs des armées françaises est possible « sans effets trop importants sur notre efficacité ou notre réactivité » assurait Thierry Burkhard, chef d’État major de l’armée française.
Un présence qui est très controversée car suscitant un syndrome de fragilité des Etats africains et d’influence des intérêts intérieurs.
La France a dernièrement subie des retraits pour bien des pays pour lesquels ses bases militaires sont implantées depuis des décennies.
C’est le cas du Niger, du Mali, du Burkina Faso qui ont connu récemment des régimes putschistes.
Ces dirigeants d’alors ont signé avec la Russie qui effectue un retour assez visible sur le continent africain par son bras militaire Wagner, non loin d’un maintien discret des bases militaires américaines.
Le premier ministre sénégalais a réitéré devant son homologue français « la volonté du Sénégal de disposer de lui même, laquelle volonté est incompatible avec la présence durable de bases militaires étrangères au Sénégal » d’après Ousmane Sonko.
Même si cela n’enlève en rien les accords de défense ajoute t’il. « Nous pouvons disposer des accords de défense sans que cela ne justifie que le tiers de la région de Dakar soit occupé par des garnisons étrangères. »
Le fondateur du Think Tank Afrikajom Center précise que « dans le contexte africain d’aujourd’hui, la France ne peut éviter la critique sur la présence des bases militaires qui sont les marques de la puissance impériale en Afrique ».
Alioune Tine est d’avis qu’il faut tirer les leçons du Mali, du Burkina et du Niger.
Pour cela, il faut anticiper sur le retrait des bases présentes dans les autres pays africains. Et que dans leur unité et solidarité, les africains doivent sortir du statut de sujet géopolitique pour à leur tour devenir des acteurs.